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Publié le par nongazdeschisteinfos

Le pétrolier Toreador-Hess annonce la reprise des prospections à Doue et à Jouarre. Des chantiers stoppés depuis la mobilisation des opposants au pétrole de schiste.

Faustine Léo | Publié le 11.05.2012, 07h00 : Toreador-Hess revient sur la scène. Cette compagnie pétrolière avait stoppé son activité dans le département il y a un an et demi, à la suite des manifestations provoquées par leur volonté d’exploiter du pétrole de schiste. Depuis, une loi interdit d’utiliser l’unique technique connue pour extraire cette énergie fossile : la fracturation hydraulique, c’est-à-dire l’injection à haute pression d’eau, de produits chimiques et de sable dans les roches qui hébergent cet or noir.
Pour autant, Toreador-Hess a décidé de continuer à prospecter. Elle prévoit d’investir plusieurs dizaines de millions d’euros en recherche dans le Bassin parisien. « Mais uniquement pour chercher du pétrole conventionnel », assure-t-elle. Des affirmations qui ne sauraient sans doute convaincre le député européen (Europe Ecologie-les Verts ), José Bové , qui vient mardi soutenir à Meaux la candidate PS-EELV dans la 6e circonscription (Meaux, Lizy), Caroline Pinet.
Doue et Jouarre au cœur du projet
Les travaux interrompus à Doue vont reprendre en juin. Le puits qui servira à faire du carottage est déjà prêt depuis 2011. A Signy-Signets, tout est abandonné. En revanche, à Jouarre, la plate-forme et le puits sont à construire puisque le chantier n’avait pas eu le temps d’être lancé. Les ouvriers devraient rester deux mois, sans doute en juillet et août. Ce n’est que fin 2012, voire début 2013 quand l’appareil de forage sera disponible, que le carottage devrait débuter.
« Il nous permettra de connaître réellement la nature du sous-sol après six mois d’études. A l’heure actuelle, nous n’avons que des estimations », assure la compagnie qui rappelle qu’un puits sur cinq seulement permet de produire de l’or noir. Dans les années 1980, les forages d’Esso à Doue n’avaient pas été fructueux. «
Mais la technologie de recherche a évolué depuis», justifie Toreador-Hess, qui refuse de dire si ses carottages concerneront des couches du sous-sol situées à plus de 2500 m, là où se niche le pétrole de schiste.
Candidat pour tester la fracturation hydraulique
Si la loi de juillet dernier interdit l’exploitation du pétrole de schiste, elle laisse la possibilité de procéder à des tests scientifiques de fracturation hydraulique dans le Bassin parisien. La commission qui doit les décider à été créée. Toreador-Hess est candidat pour faire avancer la science. « Nous avons une grande expérience, prouvée et reconnue », estime la compagnie, qui est implantée depuis une décennie dans le Dakota du Nord (Etats-Unis).
Des journées portes ouvertes prévues
Plus question pour Toreador-Hess de négliger, comme par le passé, l’information des populations voisines. « Les habitants ont peur car ils ne comprennent pas ce que l’on fait », estime la compagnie. Une journée « portes ouvertes sera donc organisée sur chacun des sites de Doue et Jouarre, où ils seront conviés à rencontrer géologues et scientifiques qui répondront à leurs questions, autour d’un buffet ». Par ailleurs, le maire de Doue a reçu la visite du chargé de communication de l’entreprise qui l’a informé du déroulé des opérations.
La crainte d’un blocage des sites
« On espère ne pas avoir à faire appel aux forces de l’ordre
», soupire Toreador-Hess. Consciente que les militants antipétrole de schiste sont toujours actifs, et que Doue représente le symbole de la mobilisation, la compagnie se prépare à recevoir la visite d’opposants. « Pourtant, on ne travaille que sur du pétrole conventionnel », martèle le pétrolier.
http://www.leparisien.fr/espace-premium/seine-et-marne-77/le-petrolier-toreador-hess-a-la-recherche-de-l-or-noir-11-05-2012-1994231.phpLe Parisien
Des opposants en stages de désobéissance civile pour riposter

F.LÉ. | Publié le 11.05.2012, 07h02

MANIF A DOUE

Doue, le 5 mars 2011. Près de 2 000 personnes avaient manifesté contre le projet de forage de gaz de schiste dans le département. | (LP/Valentine Rousseau.)

Les antipétrole de schiste ont aussi construit un réseau d’alerte qui leur permet d’agir dès qu’un camion approchera d’un des sites. Du moins, s’ils le peuvent légalement.  A Doue, le maire a signé un arrêté interdisant la circulation des plus de 3,5 t sur les chemins vicinaux. Il n’a pas été annulé par le préfet. « Toreador-Hess ne pourra jamais amener une tour de forage en Seine-et-Marne à cause de notre mobilisation, prévient Pierre Doerler, membre du collectif anti-pétrole de schiste. Car on ne croit pas du tout qu’ils veulent chercher du pétrole conventionnel. » Opinion partagée par Marie-Paule Duflot, vice-présidente de Nature Environnement 77. « C’est difficile de s’opposer à un forage géologique, avance-t-elle. Mais si vraiment ils démarrent les travaux, ils auront du monde devant. » Pierre Doerler travaille également à la création d’un collectif de maires antipétrole de schiste. « Tous les maires agriculteurs sont avec moi, assure-t-il. Car ils craignent une pollution de l’eau. »


La recherche sur les gaz de schiste a besoin de démocratie : ce que l'histoire de la fracturation hydraulique pour le gaz de schiste nous apprend sur le manque de vision du système américain de recherche et développement.

puits-en-chine.jpg Puits de gaz naturel en Chine. REUTERS/Stringer Shangai - Publié le 11/05/2012
Mis à jour le 12/05/2012 à 16h43

Le 18 avril 1977, le président américain Jimmy Carter intervenait à la télévision pour annoncer que les Etats-Unis avaient épuisé leurs réserves nationales de gaz naturel. Il se trompait. Au même moment, le département américain de l’Energie menait le Eastern Gas Shales Project (Projet sur les gisements de gaz de schiste à l'Est, NdT), avec deux objectifs: évaluer le potentiel en termes de gisements de gaz des bassins schisteux du Dévonien et du Mississippien et concevoir de nouvelles techniques de forage, de stimulation et de récupération. Selon l'ancien vice-président de Mitchell Energy, Dan Steward, les principales conclusions du projet ont confirmé que «les schistes regorgeaient de gaz».

Les premiers pas de la recherche de techniques d'extraction

Nous n'étions pas à court de gaz naturel, comme l'avait annoncé Carter; en fait, nous en avions des tonnes. Ce qui nous manquait, c'était la technique pour l'extraire. Ainsi, un projet public-privé de R&D a été lancé pour concevoir une solution technique. Il s'agissait d'une sorte de mini Projet Manhattan, avec, dans le rôle de J. Robert Oppenheimer, l'ingénieur-entrepreneur, chercheur de pétrole, George P. Mitchell. Ce dernier était convaincu que les énormes quantités de gaz contenues dans la formation géologique de Barnett Shale, située dans son Etat d'origine du Texas, pouvaient être extraites. A l'époque, le projet semblait tellement peu réalisable qu'un sceptique avait déclaré à Steward :«Si Barnett est la meilleure chose que nous ayons, alors nous n'avons rien.»  Le département américain de l’Energie a accordé des fonds à Mitchell pour forer ses premiers puits horizontaux, couvrant tous les coûts allant au-delà de celui du puits vertical classique, et le gouvernement fédéral a accordé des crédits d'impôts exceptionnels sur le gaz. Le Bureau de géologie économique a créé des images en haute résolution de la surface des roches pour obtenir des informations sur leur porosité. Union Pacific Resources, société de production et d'exploration située à Fort Worth, a fait profiter de sa méthode sophistiquée de fracturation hydraulique. Le laboratoire Sandia du département américain de l’Énergie a conçu un logiciel de cartographie des microséismes, qui a permis à l'opérateur de faire des ajustements pour améliorer le débit du gaz.

Des implications sociales oubliées

Mitchell a fait la synthèse et lors de la vente de sa société à Devon Energy en 2002, le rêve technologique consistant à extraire du gaz naturel des schistes était sur le point de devenir un véritable miracle économique. Près de 35 ans après le discours alarmiste de Carter, nous avons tellement de gaz naturel que les prix se sont envolés et les installations conçues à l'origine pour son importation doivent être adaptées pour pouvoir l'exporter. Il s'agit d'une importante initiative destinée à résoudre un problème complexe; comme le Projet Manhattan, elle présente un déséquilibre inquiétant: alors que le défi technique a été pensé de façon rationnelle et proactive, les implications sociales ont fait l'objet d'une réflexion confuse, de réactions ad-hoc et d’irrationalité. Les projets R&D de gaz de schiste reposaient sur une sorte de vide. Les seuls critères étaient la faisabilité sur le plan technique et la rentabilité sur le plan économique. Les innovateurs ne se sont pas demandé quel rôle ces technologies joueraient dans le monde réel.  Que deviennent les substances chimiques qui restent sous terre? Que faire du mélange toxique de fluides de fracturation et de matériels radioactifs naturels qui remontent du puits durant le forage et la production? Comment les routes vont-elles gérer l'augmentation du trafic due au millier de trajets de poids lourds (transport des fluides de fracturation et des eaux usées) nécessaires à la production de chaque puits? Quelles sont les conséquences sur la qualité de l'air et le climat? Peut-on procéder à la fracturation en toute sécurité à des endroits où les gens vivent? Que se passe-t-il quand les puits sont asséchés? Est-ce judicieux de miser sur une ressource fossile toujours plus rare, qui nécessite autant de moyens extrêmes pour l'extraire?

Un système d'innovation imparfait

Pourquoi ne s'est-on pas posé ces questions avec la même rigueur que pour les questions techniques? Parce que notre système d'innovation ne sait que se demander «comment», et non «et si?» Notre pouvoir de changer le monde et notre façon de vivre est immense, mais nous sommes totalement incapables de l'utiliser de manière avisée ou responsable.  D'un côté, nous soutenons la recherche transformationnelle et de l'autre, nous nettoyons les dégâts que cette dernière provoque. Et entre-temps, nous n'avons aucune idée de ce qui doit être adapté et pourquoi. Nous aurions dû tirer les enseignements de l'exploitation des gaz de schiste il y a bien longtemps déjà: il faut repenser et élargir les paramètres de l'innovation. Le système actuel, aveugle, fait bien trop penser au poème de Goethe L’Apprenti sorcier. Nous libérons des pouvoirs mal appréhendés et tentons de surmonter les problèmes qui en résultent. Le poème de Goethe raconte l'histoire d'humains contrôlant la nature grâce à un sortilège qui, à son tour, contrôle les humains. Cela donne lieu à une sorte d'adaptation inverse, comme dans de nombreuses villes américaines, où les gens semblent surtout occupés à construire des garages pour leurs voitures malgré la pollution et le fardeau financier. Nos pouvoirs techniques étant toujours plus grands, nous devons anticiper toutes les conséquences de nos projets. Les concepteurs de nos systèmes techniques doivent tenir compte de considérations sociales et éthiques plus générales. L'idée n'est pas nouvelle: dans les années 1960, le musicien américain Tom Lehrer l'évoquait dans une chanson sur le pionnier de l'astronautique Wernher von Braun: «Une fois que les fusées ont été lancées, qui se préoccupe de savoir où elles atterrissent? Ce n'est pas mon problème», indique Wernher von Braun. Une fois que les fluides de fracturation ont été pompés, qui se soucie de savoir où ils vont?

Un peu d'éthique en R&D

Il y a des risques à mêler le grand public à des stratégies scientifiques et technologiques: ceux qui crient le plus fort, même s'il s'agit d'une petite minorité, pourraient au final fixer le cap. Mais ces difficultés ne sont pas plus grandes que celles liées à l'extraction de gaz de schiste. Nous n'avons simplement pas investi autant de temps ou d'énergie dans des processus démocratiques. Certains estiment que la plupart des grands projets R&D tiennent désormais compte des implications éthiques, juridiques et sociales plus générales de l'innovation. L'exploitation des gaz de schiste se serait mieux passée, selon eux, si des chercheurs sur les questions éthiques, juridiques et sociales avaient travaillé en parallèle avec les scientifiques et les ingénieurs. Mais trop souvent, ces chercheurs n'osent pas mordre la main qui les nourrit. Plus important encore, notre modèle d'innovation renforce le mur entre les deux cultures: aux humanistes les «valeurs», aux scientifiques et ingénieurs les «faits». Mais il n'y a pas de travail «sans valeur». Nos innovateurs sont obligés de faire des choix ayant une dimension sociale et éthique. Aucun expert en éthique ne peut le faire en pensant pour eux. Si nous voulons mettre fin à ce système d'innovation aveugle, il faut des scientifiques, des ingénieurs et des entrepreneurs qui ont une approche globale.

Adam Briggle
Enseignant au
Center for the Study of Interdisciplinarity à l'université de North Texas. Il est également président du Denton Stakeholder Drilling Advisory Group, un comité d'experts-citoyens conseillant la ville de Denton (Texas). 

Traduit par Charlotte Laigle  

http://www.slate.fr/story/53625/fracturation-schiste-innovation-democratie


Schuepbach : Fracking en Uruguay?

Yes : Schuepbach adds onshore acreage in Uruguay
Uruguay signs first hydrocarbons on-shore exploration contract with US company

 13 Mai 2012 Par MOVUS

Par Victor L. Bacchetta, publié dans l'hebdomadaire Voces (23/02/12).

ANCAP: « Être ou ne pas être » La prospection de carburants fossiles en territoire uruguayen s'achemine vers leur exploration et leur possible exploitation. Dans ce processus les différentes parties, ANCAP (Administration Nationale des Combustibles Alcools et Ciments) et la société américaine Schuepbach, ne semblent pas cultiver les mêmes attentes. Pour ajouter encore à la complexité, les États-Unis gravitent autour du sujet avec une toute-puissance devenue coutumière. Le président d'ANCAP Raúl F. Sendic a qualifié d'"historique" le contrat signé le 13 Février entre l'organisme d'état uruguayen et la société américaine Schuepbach Energy pour l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures sur le territoire national. L'une des zones d'exploration s'étend sur un million d'hectares dans les départements de Tacuarembo, Salto, Paysandu et Durazno, et l'autre sur près de 300 mille hectares, dans le département centre-est de Salto. Il s'agit d'un accord pour 30 ans, dont les huit premiers seraient consacrés à la phase d'exploration. En cas de découverte importante, ANCAP définirait la conformation d'une société mixte au sein de laquelle sa participation au capital serait d'un maximum de 50% , et dont l'objectif serait un projet d'extraction pétrolière. Schuepbach s'est engagée à réaliser une étude sismique et l'investissement en phase d'exploration serait de 6 à 8 millions de dollars.

Antécédents.

Sur le site Web d'ANCAP, est exposé ce qui suit:

«Les schistes gazifères sont des roches sédimentaires de fine granulométrie, riches en matière organique et en mesure de générer et de conserver du gaz, qui peut être exploité par des méthodes non conventionnelles. Un schiste avec un taux de carbone organique total de 2% présente un bon potentiel pour la production de gaz, s'il atteint les conditions de maturation adéquates. Cette roche agit à la fois comme source et comme réservoir de gaz, sans pièges ni jointures, ce qui lui confère généralement une répartition régionale. Étant de très faible perméabilité, l'extraction du gaz ne peut se faire que par des méthodes non conventionnelles, telles que la fracturation et le forage horizontal. Un bon exemple de ce type d'exploitation non conventionnelle est le dépôt de Marcellus, le plus grand des États-Unis, dans la région nord-est. "

schuepbach-en-uruguay.jpg«En Uruguay, les séquences sédimentaires du Dévonien et du Permien du Bassin Nord présentent un bon potentiel de cette ressource. Les schistes marins de la Formation Cordoba (Dévonien inférieur) sont les plus prometteurs, avec une épaisseur de plus de 100 mètres et des valeurs de COT atteignant 3,6%. "

Les sites Web de Schuepbach et d'ANCAP se réfèrent dans les mêmes termes en 2009, au contrat précédent:

"En Octobre 2009, un contrat a été signé avec la société américaine Schuepbach Energy LLC pour la prospection d'hydrocarbures onshore en Uruguay, en particulier la prospection de gaz naturel de schistes, sur une superficie de 9890 km2. Celui-ci constitue le premier contrat à risque de prospection d'hydrocarbures onshore de l'histoire de l'Uruguay, en vertu du décret 454/006. " "Comme on peut le voir sur la carte, la zone concernée par le contrat est située dans le centre - nord du pays et comprend les départements de: Durazno, Tacuarembó, Paysandú et Salto."

"L'accord minimum de prospection conclu entre ANCAP et Schuepbach Energy LLC comprend l'analyse d' échantillons intacts provenant des affleurements (COT, type de matière organique, mesures géochimiques, contenus silico-clastiques, porosité, la présence de siltstone inter-stratifiée / grès), le modèle de maturation du schiste, le modèle de gravimétrie et l'étude de faisabilité. "

Le premier gouvernement du Frente Amplio (Front Large) a amorcé le développement et approuvé en Août 2008 avec une révision en 2009, la politique énergétique 2005-2030, inexistante jusque-là. En Février 2010, à l'initiative du gouvernement nouvellement élu, une commission pluri-partidaire de l'énergie est créée. Les aspects fondamentaux de cette politique ont été approuvées par les trois partis de l'opposition parlementaire.  Dans le cadre de l'objectif global de la diversification de la matrice énergétique, cette politique nationale stipule: "7) Explorer le pays à la recherche d'énergies non renouvelables: schistes, charbon, gaz de schiste, uranium, etc. Promouvoir des entreprises pilotes pour leur utilisation." Bien que nous nous intéressions ici au gaz de schiste, il vaut la peine de préciser que la loi 16.832 de 1997 interdit l'utilisation de l'énergie nucléaire sur tout le territoire national. La durée du contrat de prospection entre ANCAP et Schuepbach était de deux ans et donnait priorité à la société américaine pour l'obtention d'un contrat d'exploration et d'exploitation dans l'aire définie.

Schuepbach

Basée à Dallas, Texas USA, Schuepbach Energy LLC est une junior en recherche de minéraux énergétiques fondée en 2007, et partenaire de la société d'investissements CIC Partners. L'entreprise définit ainsi son objectif : «découvrir, capter et exploiter les ressources énergétiques à grand potentiel, tant à l'échelle nationale qu' internationale, avec une spécialisation dans les formations de schiste." Son président et directeur, Martin Schuepbach, est présenté comme un dirigeant aguerri dans le secteur de l'énergie au sein de compagnies telles qu'Exxon et Maxus Energy. Il est également souligné qu'en vertu de son expérience géologique et de ses relations internationales, Schuepbach a fondé et vendu avec succès deux entreprises d'exploration dans les 15 dernières années. Autrement dit, la junior ne s'est pas chargée elle même de l'exploitation, mais a effectué un transfert de licences vers d'autres entreprises. En 2011, Schuepbach se vantait d'avoir obtenu en trois ans grâce à ses filiales, des concessions internationales sur plus de 1,6 millions d'hectares. La société a déclaré que ces licences comprenaient plusieurs des gisements les plus prometteurs de gaz de schiste en Europe. En Uruguay, le contrat porte sur un million d'hectares. Si ces chiffres sont exacts, cela pourrait laisser penser que l'essentiel de ses activités se concentrerait en Uruguay. Schuepbach est ouvertement spécialisée dans les gaz de schistes dont l'exploitation s'effectue au moyen de la technologie américaine du fracking. En Octobre 2011, après l'adoption de la loi interdisant la fracturation hydraulique le gouvernement français lui a retiré deux permis d'exploration, la société ayant omis de fournir dans les deux mois une proposition de technologie alternative. Dans le cadre de sa prospection en Uruguay, Schuepbach a procédé à une perforation sur le site de Cuchilla Santo Domingo, près du village de Achar et du cours d'eau de Carpintero, dans le département de Tacuarembó. Selon les informations fournies à la DINAMA (Direction de l'Environnement) par son responsable technique, le géologue Gérard Veroslavsky, le forage a eu lieu du 9 mai au 8 juin 2011 à une profondeur de 435,9 mètres jusqu'à atteindre le sous-sol cristallin. Quelques jours plus tard, Schuepbach et ANCAP annonçaient la découverte de roche pétrolifère à 400 mètres de profondeur. Martin Schuepbach en a commenté le fort potentiel. "Nous sommes ici en présence d'une roche mère de catégorie mondiale et de pétrole libre dans un puits d'eau. Ces deux éléments sont très, très encourageants, et pourraient être potentiellement très importants». Dans les mois qui ont suivi, les deux sociétés ont négocié le contrat d'exploration et d'exploitation. Lors de la cérémonie de signature le 13 février, Schuepbach a déclaré que les tests sismiques postérieurs à la découverte de gisements de schiste justifieraient un investissement de 8 millions de dollars en nouveaux forages. Il est apparu que l'entreprise envisageait d'explorer quelques 500.000 hectares, mais curieusement 1,3 million d'hectares lui ont été attribués.

ANCAP : un contrat historique

ANCAP.jpg Ancap president Raul Sendic described the contract ‘historic’

Lors de la signature du premier contrat avec Schuepbach, Germán Riet, alors président d 'ANCAP, fit une série de déclarations publiées sur le site de la Présidence de la République, dans lesquelles il fait référence à ses attentes de découverte et d'extraction de gaz de schiste pour la génération d'électricité, tout en soulignant l'importance de la « diversification énergétique » et de la réduction des importations pétrolières. Interrogé aujourd'hui sur ces déclarations, Riet actuellement vice-président d'ANCAP, affirme: "Je me suis trompé, soit moi, soit le journaliste," car la production d'électricité doit être pensée en termes de schistes bitumeux et non de gaz de schiste. "La priorité absolue est de connaître et d'évaluer le type réserves existant en Uruguay » déclare-t-il, tout en précisant que « jusqu'à présent, ANCAP comme le gouvernement, à ma connaissance, ne songent qu'au pétrole ou au gaz conventionnel . "

De Santa Ana, directeur d'exploitation et de production d'ANCAP, le plus haut poste technique dans ce domaine au sein de l'organisme d'État, se déclare en accord avec les appréciations de Riet et le soutient dans son évaluation des études menées jusqu'à présent sur le sous-sol uruguayen. Toutefois, les États-Unis font état d'estimations de réserves différentes. De Santa Ana fait valoir que l'intérêt suscité par l'Uruguay ces dernières années en matière de prospection d'hydrocarbures est le fruit d'une «révolution conceptuelle» en matière de géologie et de modèle du bassin Nord, conduite par lui-même et une équipe de techniciens locaux , qui aurait permis de déceler la présence de roche mère dans des lieux pour lesquels n'existait auparavant aucune information, tels La Paloma et Achar. À l'initiative de la direction d'ANCAP, Santa Ana et son équipe (constituée au cours des cinq dernières années), se sont chargés d'expliquer cette nouvelle approche aux experts géologues des pays voisins partageant le bassin, et à ceux des pays les plus avancés en recherche d'hydrocarbures. Ce fut la base de lancement des Cycles d'Uruguay (Ronda Uruguay I et II) qui parvinrent à décider plusieurs sociétés étrangères à signer des contrats à risque. C'est à ce point qu'interviennent les Etats-Unis. En Avril 2011, une estimation préliminaire de 14 régions hors territoire des Etats-Unis, émanant de l'Energy Information Administration (USEIA) attribue à l'Uruguay des réserves techniquement récupérables de gaz de schiste de 21 TCF (trillions de pieds cube). En Août de la même année, l'US Geological Survey (USGS), procède à une évaluation du bassin du Nord de l'Uruguay, estimant les réserves à 13,4 TCF. Santa Ana confirme que les calculs des agences des États-Unis sont basées sur le nouveau modèle géologique élaboré par ANCAP et les informations fournies par ses techniciens, tout en se désolidarisant complètement de leurs conclusions. "C'est tout à fait spéculatif, il n''existe aucune preuve, aucune évidence. Normalement, à ce stade il ne convient pas de parler de réserves, mais de ressources potentielles », explique De Santa Ana.

Le contrat

La comparaison des déclarations officielles avec les différentes versions parues dans la presse spécialisée, laisse apparaître que les parties manipulent des informations, des attentes et des intérêts pour le moins différents lorsqu'ils ne sont pas opposés. À titre d' exemple, tandis qu'ANCAP soutient que ses recherches ne portent que sur des hydrocarbures conventionnels, l'American Petroleum Institute (API, 15/2) stipule que Schuepbach et ANCAP avancent conjointement dans le développement des schistes. "La prospection s'est orientée vers les hydrocarbures conventionnels, car il n'y a aucune perspective économique pour les non-conventionnels en Uruguay, et ceci se reflète dans le contrat», explique Santa Ana. Selon l'ingénieur uruguayen les perforations laissent pour l'instant entrevoir la possibilité d'atteindre des hydrocarbures conventionnels, et malgré l'évidence de la présence d'huile et de gaz de schiste, cette alternative ne serait pas économiquement viable. Pour le gérant d'ANCAP, la recherche est fondamentale, le pays doit connaître ses ressources tant pour des raisons scientifiques que stratégiques. Il ajoute: «Deux ou trois barils d'huile de schiste par jour à un coût d'exploitation de 80 $ USD, ce n'est pas viable. Et le gaz de schiste devrait être à 400 ou 500 dollars le baril pour que son extraction soit rentable. " Pour finir, De Santa Ana dit parfaitement connaître le thème de l'extraction du gaz de schiste aux États-Unis, et affirme que ni la fracturation ni cette forme de production ne sont autorisées dans les contrats signés par ANCAP. Toujours est-il qu'il nous a été impossible de vérifier le contenu des accords, même en faisant appel à la loi d'accès à l'information publique, parce qu'ils sont couverts d' une "clause de confidentialité".

L'initiative globale des États-Unis.

"Face à une population mondiale croissante et à la raréfaction des combustibles fossiles, le besoin de diversifier notre approvisionnement énergétique se fait urgent. Nous devons compromettre les exportateurs traditionnels et les économies émergentes à parts égales, afin de promouvoir la sécurité énergétique internationale et veiller à ce que la richesse naturelle des pays soit reflétée par une croissance inclusive. "(16 Novembre 2011) Par ces mots de Hillary Rodham Clinton, les Etats-Unis ont lancé une initiative majeure visant à réaffirmer leur leadership international sur la maîtrise de la fracturation hydraulique pour l'exploitation du gaz de schiste, ainsi que sur le potentiel affecté aux hydrocarbures non conventionnels. La Secrétaire d'État a annoncé la création en Octobre dernier de l'Office des ressources énergétiques dont la mission est de «façonner la politique internationale de l'énergie des États-Unis, d'influencer les nations en vue d'un avenir énergétique plus propre, et de protéger notre infrastructure ainsi que les itinéraires de transit de l'énergie. " En Avril 2010, le Département d'État lance l'Initiative Globale du Gaz de Schiste (GSGI) avec pour finalité « l'aide aux pays cherchant à exploiter leurs ressources non conventionnelles de gaz naturel, afin de les identifier et de les développer de façon sûre et économique" . Les pays de la région invités à participer sont l'Argentine, le Chili, la Colombie, le Pérou et l'Uruguay.
En Août, s'est tenue à Washington la conférence internationale de la GSGI à laquelle ont assisté 17 pays, dont l'Uruguay, afin de débattre de «l'importance du gaz de schiste en tant que carburant à faible teneur en carbone", selon les déclarations de David Goldwyn, le coordinateur du Département d'Etat aux affaires énergétiques internationales. «La leçon que nous voulons que chacun de ces pays retienne, c'est qu'il est nécessaire ( pour réaliser avec succès les forages requis pour l'extraction du gaz de schiste) de disposer de personnel techniquement compétent et en tout premier lieu de lois et règlements", a précisé Goldwin lors d'une conférence de presse tenue parallèlement à la réunion. L'un des commentateurs d' EnergyInDepth, publication spécialisée, a soulevé la question de savoir dans quelle mesure ces mêmes leçons pourraient s'appliquer aux États-Unis, connaissant les graves problèmes environnementaux générés par le « fracking » dans le pays. Mais le rôle du Département d'Etat est la politique étrangère et non les affaires intérieures.

Traduit de l'espagnol par Patricia Giancotti.

http://www.ogj.com/articles/2012/02/schuepbach-adds-onshore-acreage-in-uruguay.html

http://en.mercopress.com/2012/02/15/uruguay-signs-first-hydrocarbons-on-shore-exploration-contract-with-us-company

http://www.observatorio-minero-del-uruguay.com/2012/02/%C2%BFfracking-en-uruguay-ii/

http://blogs.mediapart.fr/blog/movus/130512/fracking-en-uruguay


Sables bitumineux du Canada : le cri d’alarme de James Hansen

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Des camions Caterpillar transportent des sables bitumineux en Alberta. (Photo Jim Dugan)

Dans un exergue accompagnant une tribune signée par James Hansen, de l’Institut Goddard de la NASA, les lecteurs du New York Times peuvent aujourd’hui lire cette phrase publiée au-dessus d’une feuille d’érable : «Si le Canada exploite ses sables bitumineux, la civilisation sera en danger». Dans son texte, le scientifique précise : «C’en sera fait du climat.» Et d’ajouter : «Les sables bitumineux du Canada contiennent une quantité de dioxyde de carbone deux fois supérieure à celle émise par l’utilisation du pétrole dans notre histoire entière. Si nous exploitions pleinement cette nouvelle source de pétrole, et continuons à brûler notre pétrole conventionnel, ainsi que nos réserves de gaz et de charbon, les concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère atteindraient à terme des niveaux supérieurs à ceux du Pliocène, il y a plus de 2,5 millions d’années, quand le niveau de la mer était 16 mètres plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. Cette quantité de gaz à effet de serre garantirait la désintégration incontrôlable des glaciers continentaux. Le niveau des mers s’élèverait et détruirait des villes côtières. Les températures planétaires deviendraient insupportables. Entre 20 et 50% des espèces seraient poussés à l’extinction. La civilisation serait en danger.» Hansen se dit «troublé» d’avoir lu une interview accordée par Barack Obama au mensuel Rolling Stone dans lequel le président affirmait que le Canada allait exploiter ses sables bitumineux «quoique nous fassions».

http://blogues.lapresse.ca/hetu/2012/05/10/sables-bitumineux-du-canada-le-cri-dalarme-de-james-hansen/


Brèves
Une chaîne humaine à Auch contre le gaz de schiste : Entre 400 et 500 personnes ont formé une chaîne humaine dimanche après-midi (13 mai 2012) à Auch pour appeler à la mobilisation face à la persistance du danger représenté selon elles par une exploitation des gaz de schiste, a constaté un photographe de l'AFP.
Le Premier ministre polonais au Canada pour parler gaz de schiste

OTTAWA - Le Premier ministre polonais Donald Tusk est arrivé samedi soir au Canada pour une visite de trois jours, dont l'un des thèmes principaux devrait être l'extraction de gaz de schiste. M. Tusk a été accueilli à son arrivée à l'aéroport d'Ottawa par le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird.


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Traduction, analyse et commentaires tous droits reservés : danièle favari

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