Autres méthodes ? Réponse jeudi !
SENAT : jeudi 31 janvier 2013, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques examine l'étude du sénateur Jean-Claude Lenoir (UMP - Orne) et du député socialiste Christian Bataille (Nord), sur les "techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste"
Mais, le dossier des #gazdeschiste ne sera pas rouvert avec la reforme du code minier (O. Appert). Le sujet a été exclu de la concertation.
NDLR : Reste donc que rien n’est définitement fermé, ni réglé…. Non plus !!
En Pologne, un village se mobilise contre le gaz de schiste jusqu'à faire vaciller sur son socle un géant américain de l'énergie ; Le réalisateur Lech Kowalski revient sur son documentaire qui fait entendre la voix des petits agriculteurs, premières victimes.
Pourquoi vous intéressez-vous au gaz de schiste ?
Lech Kowalski : "Depuis deux ans, je m'intéresse aux problèmes rencontrés par les petits agriculteurs, notamment dans la partie orientale de la Pologne, à la frontière avec l'Ukraine. Dans cette zone envahie par l'agriculture intensive, ces petits fermiers pratiquent une agriculture traditionnelle. Ce ne sont pas pour autant des paysans d'un autre temps. Ils sont très bien éduqués, certains sont allés à l'université. Pendant que je les filmais, nous avons découvert que des opérations d'exploration de gaz de schiste allaient commencer dans leurs champs, sous l'égide du géant américain Chevron. Pour les petits fermiers l'impact est énorme. J'ai souhaité faire entendre leur point de vue."
Quels sont les premiers dangers que fait courir l'extraction du gaz de schiste pour les agriculteurs ?
"En Pennsylvanie, où j'ai tourné, l'eau des puits est empoisonnée depuis le début des forages en 2007. Pour un agriculteur, l'eau est une ressource essentielle. Le lien entre l'eau souillée et les maladies dont souffrent les habitants, notamment cancers du foie ou de la rate, diarrhées, etc., est difficile à prouver. Mais dans dix ou quinze ans, le lien entre les maladies et l'extraction du gaz de schiste sera probablement avéré."
Qu'avez-vous plus particulièrement appris en réalisant ce film ?
"Tout d'abord que quand les gens croient vraiment à un idéal, ils trouvent les moyens de lutter. Ces fermiers polonais croient vraiment en leur terre, en leur mode de vie. Ils refusent que tout cela soit détruit. Ils ont cette foi incroyable pour continuer à se battre même si les politiques et les médias sont du côté de Chevron. J'ai aussi été surpris par le degré apocalyptique des destructions engendrées par les compagnies gazières en Pennsylvanie. Elles agissent en masse et le plus vite possible. Selon moi, il s'agit d'une nouvelle forme de guerre menée contre les citoyens. Une guerre civile où les compagnies ont davantage de pouvoir que les gouvernements. Elles ont les lois pour elles. L'objectif est de faire un maximum de profits. Les citoyens ne sont plus que de simples consommateurs. Voilà la nouvelle réalité dans laquelle nous vivons. C'est le contraire de la civilisation. Les fermiers qui sont en premier affectés par ce problème ont plus de connaissances sur le sujet que bien des petits bourgeois intellectuels dans les grandes villes. Eux sont en première ligne et agissent."
Ils gagnent même des batailles...
"Tout à fait. Chevron a décidé de se retirer de la petite commune de Zurawlow où les habitants se sont mobilisés. Les raisons n'en sont pas très claires. Les responsables de Chevron ont toujours refusé de nous rencontrer, moi ou les agriculteurs, et m'ont toujours empêché de filmer sur leurs sites. Mais à coup sûr, ils ont eu peur de la mauvaise publicité. Ces agriculteurs polonais, une trentaine de familles, sont les premiers au monde à avoir lutté contre le gaz de schiste. Et ils ont gagné. Peut-être ont-ils été chanceux... Mais le fait est qu'on peut gagner. Cela n'empêche pas Chevron de construire des puits de forage dans d'autres villages. Chaque jour un peu plus, ces compagnies détruisent les communautés, que ce soit aux États-Unis, en Pologne ou ailleurs. Seuls les plus forts continueront à se battre."
Néanmoins, êtes-vous optimiste pour l'avenir ?
"Je pense qu'aux États-Unis, le mal est fait. Du moins en Pennsylvanie. Il faut savoir qu'en Amérique, à l'inverse de l'Europe, quand un agriculteur vend sa terre, il en vend aussi le sous-sol, qui n'appartient pas à l'État. Il touche ensuite un pourcentage sur les profits gaziers. L'Europe a sans doute plus d'opportunités d'arrêter ces compagnies et cela est dû à la manière même dont elle est structurée. Mais il faut que les législateurs soient fermes sur leur position et luttent contre les lobbies. Aux États-Unis, l'extraction du gaz de schiste ne fait que commencer et le pays se balkanise. Dans certains États, les forages seront autorisés et dans d'autres ils ne le seront pas, comme dans l'État de New York où les citoyens ne désarment pas."
C'était mardi 29 janvier 2013 : la malédiction du gaz de schiste (documentaire)
suivi à 22.05 d'un débat animé par émilie aubry, avec la participation notamment de José bové
De la Pologne à la Pennsylvanie, lech kowalski met au jour le fossé entre le discours des industriels et la réalité de l'exploitation du gaz de schiste. un film coup de poing.
Zamosc, en Pologne orientale : "au hasard d'un tournage dans cette région rurale, Lech Kowalski rencontre en 2009 des paysans sur les terres desquels de grandes firmes américaines ont commencé à prospecter pour extraire du gaz de schiste. Fissures dans les murs des fermes, pollution des eaux, bulldozers investissant des champs à quelques dizaines de mètres des habitations... Les villageois sont inquiets. Or cette situation locale n'a rien d'anecdotique et témoigne d'un phénomène qui menace aujourd'hui toute la planète. Bradford County, aux États-Unis, est au gaz de schiste ce que l'Arabie Saoudite est au pétrole. Mais on est loin de l'image idyllique d'une “énergie non conventionnelle” propre et d'exploitation aisée que veulent donner les industriels. Dans ce petit comté du nord-est des États-Unis, le réalisateur filme des paysages dévastés et l'épuisement physique et psychologique des habitants..."
Combat inégal
Cinéaste underground, passionné par les groupes à la marge (les SDF dans Rock soup, les punks dans Born to lose) et les grandes tragédies de l'histoire européenne (Hitler's highway), Lech Kowalski s'aventure ici dans les profondeurs de la campagne polonaise. Il dépeint le combat inégal de petites gens victimes de contrats léonins, pour la sauvegarde de leurs villages, de leurs maisons, de leurs exploitations agricoles, de leur eau et de leur santé et qui remportent quelques victoires inattendues. L'enjeu est de taille : la Pologne voit dans cette énergie nouvelle une promesse d'indépendance vis-à-vis du gaz russe. Ce documentaire constitue une mine d'informations sur les pratiques des compagnies de forage et sur les conséquences de cette exploitation sur la vie quotidienne des Européens.
http://www.arte.tv/fr/la-malediction-du-gaz-de-schiste/7258946.html
REVOIR : le samedi, 2 février 2013 à 10:25
Rediffusion mercredi 13 février à 09H55
Le documentaire était suivi à 22h05 d'un débat, puis d'un chat en direct. Il sera en effet possible de dialoguer avec les invités à partir de 22h30 jusqu'à 23h00. :
Les invités du débat :
- José Bové (député européen)
- Hervé Kempf (Journaliste spécialisé sur l'environnement)
- Michael Paul (Député allemand - CDU)
#GAZ DE SCHISTE / Erratum pour @josebove sur @artetvfr_live #lechat : tjrs 61 permis, les 7 REJETES étaient à l'instruction. Ne pas confondre.
Grâce à Alerte Schiste, vous pouvez même consulter le chat :
http://embed.scribblelive.com/Embed/v5.aspx?Id=79829&Page=0&ThemeId=2558
Avis d'expert : Tout savoir de la fracturation hydraulique
L'exploitation des gaz et pétroles de schiste fait débat. Mais que sait-on précisément sur le sujet ?
Une conférence de Bruno Goffé, directeur de recherche et délégué scientifique Géo-ressource à l'Institut national des sciences de l'univers (CNRS – INSU), apporte un éclairage scientifique sur les principales questions : de quoi parle-t-on précisément, quels sont les risques, quelle en est l'ampleur, peut-on espérer les contrôler... et où en est la recherche ?
Le débat sur les gaz et pétrole de schiste a surtout mis aux prises les politiques et la société civile, des associations au monde des affaires. Autant de points de vue utiles, mais parfois mal informés. La parole des scientifiques, pourtant indispensable pour instruire ce débat, n’a guère été entendue. Elle mérite pourtant de l’être, ne serait-ce que pour informer les citoyens.
Intitulée « Gaz de schiste : peut-on réconcilier croissance et principe de précaution ? » et animée par Thibaut De Jaegher, directeur de la rédaction de L'Usine nouvelle, une table-ronde a été organisée avec l'Institut Montaigne, le 14 janvier 2013, elle était composée de :
Édouard Brézin – Professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie, ancien président du CNRS, président du Conseil scientifique de ParisTech Review
Philippe Crouzet – Président du directoire de Vallourec
Claude Perdriel – Président du Conseil de surveillance du Nouvel Observateur
Christian Pierret – Associé chez August&Debouzy, ancien ministre délégué à l'Industrie
http://www.enerzine.com/12/15205+avis-dexperts---tout-savoir-de-la-fracturation-hydraulique+.html
La Lorraine se prépare à extraire du gaz de houille
Dans la famille des gaz non conventionnels, il n'y a pas que le gaz de schiste. Moins controversé, le gaz de houille, contenu dans les veines du charbon, à l'origine des sinistres coups de grisou, pourrait être extrait dans le bassin houiller lorrain. Un projet d'une société britannique bien accueilli sur place.
Jadis hantise des mineurs à l'origine des meurtriers coups de grisou, le gaz de houille présent en quantités colossales dans le sous-sol lorrain pourrait être une solution pour la reconversion économique de cette région marquée par la fermeture des mines. En 2004 fermait le dernier puits de charbon de la région à la Houve, près de Creutzwald en Moselle. Le bassin houiller pourrait aujourd'hui tenir sa revanche en développant une nouvelle activité : l'exploitation du gaz de houille contenu dans les veines de charbon.
Une société britannique lance des forages d'exploration
Une intention confirmée par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg: la France va "exploiter le gaz de houille", a-t-il annoncé récemment sur France 2. "C'est un élément de compétitivité (...) sans atteinte à l'environnement", a-t-il fait valoir. European Gas Limited, entreprise enregistrée au Royaume-Uni, entame l'exploration du sous-sol lorrain et a lancé un plan d'investissement de 33 millions d'euros en deux ans pour financer ses forages dans la région.
Jusqu'à 20 de consommation française de gaz
Cinq puits devraient être creusés entre 2013 et 2014 en Lorraine pour l'exploration. EGL cherchera ensuite un partenaire pour l'exploitation du gaz de houille. La production pourrait permettre d'extraire du sous-sol l'équivalent de neuf ans de consommation française en gaz, estime EGL. Pour Antoine Le Solleuz, maître de conférences en géologie à l'Université de Lorraine, le sous-sol Lorrain pourrait même représenter l'équivalent de plus de 20 ans de consommation française de gaz.
Un impact controversé sur l'environnement
La Lorraine est la région la "plus riche de France" en gaz de houille, avance le scientifique. "Les quantités sont importantes, pour ne pas dire colossales" en Lorraine, abonde un géologue rattaché au ministère de l'Ecologie. Contrairement aux gaz de schistes, l'exploitation du gaz de houille ne nécessite pas de fracturation hydraulique, décriée pour ses conséquences néfastes sur l'environnement et interdite en France depuis juillet 2011. De fait, le charbon est déjà plus ou moins fracturé naturellement et il ne faut "surtout pas perturber le milieu, au risque d'endommager les veines de charbon où est stocké le grisou", explique l'expert du ministère de l'Ecologie, pour qui cette activité est "acceptable à 100%".
"Un projet intéressant pour la région"
L'Association de défense de l'environnement et de lutte contre la pollution (Adelp) souligne néanmoins les "effets inéluctables sur l'environnement de surface" qu'auraient l'exploration et de l'exploitation du gaz de houille, note son président, Michel Kaspar. Des dégâts "irréversibles" pour le collectif "Stop gaz de schiste Lorraine". La direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement (Dreal) reconnaît qu'il y aura un impact pour l'environnement, avec notamment l'installation de station en surface et de pompes. Mais la Dreal promet de traiter "de manière sérieuse les aspects de sécurité et d'environnement et fait valoir qu'on entre là dans une "nouvelle phase d'exploitation du sous-sol, un projet intéressant pour la région".
"Des anciens mineurs sont contents"
Cette reconversion représenterait "une forme de compensation" après la fermeture des mines, observe également Roger Cosquer, directeur départemental du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). "On apporte beaucoup de solutions, et pas de problème", note Frédéric Briens, directeur général d'EGL, qui observe un "consensus" autour du projet en Lorraine notamment du fait de la longue tradition minière de la région.
Prudent sur la question du gaz de houille, Sébastien Thisse, le maire de Freybouse où EGL a obtenu l'un de ses permis de forer, admet que ses administrés ne sont pas particulièrement inquiets. "Il y a des anciens mineurs, ils sont même contents", dit-il.
Des coûts d'extraction quatre fois plus élevés que le gaz naturel
Les experts rappellent néanmoins que d'autres se sont essayés, sans succès, à l'exploitation du gaz de houille il y a une vingtaine d'années. D'après eux, l'amélioration des techniques pourrait toutefois jouer en la faveur d'EGL. Pour Antoine Le Solleuz, l'extraction du gaz de houille est rentable grâce à la hausse des cours du gaz ces dernières années, même si elle coûte quatre fois plus cher que celle du gaz naturel.
MCL (avec AFP) | 28/01/2013, 17:47 - 649 mots
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20130128trib000745365/la-lorraine-se-prepare-a-extraire-du-gaz-de-houille-.html
Concerne : Permis Bleue Lorraine et Bleue Lorraine Sud
Après la candidature ratée à la présidentielle, Nicolas Hulot s'est trouvé une nouvelle voie pour son combat écologiste: l'ancien animateur de TF1 est devenu l'envoyé spécial de François Hollande pour la préservation de la planète. Lucide sur l'engagement politique, il garde intacte sa volonté de convaincre.
L'ex-candidat écologiste à la primaire EELV, Nicolas Hulot, s'est déclaré mercredi "triste" de l'absence des questions environnementales dans l'élection présidentielle, ajoutant qu'il n'aurait pas "fait mieux" qu'Eva Joly, la candidate choisie par les militants.
Après avoir fréquenté les huttes de Papouasie ou les igloos inuits, Nicolas Hulot, promu envoyé spécial du président pour la préservation de la planète, campe désormais sous les ors de l'hôtel de Marigny, à un jet de pierre de l'Elysée. Mais c'est au sein de sa fondation qu'il nous reçoit, en jean et sweat-shirt. Après avoir abandonné son émission Ushuaïa et fait le tour du monde en famille durant six mois pour digérer sa défaite face à Eva Joly, M. Hulot est rentré de vacances. Et, à 57 ans, entame une nouvelle vie. Une double vie. D'un côté, ses fonctions de sherpa, pour lesquelles il continuera de sillonner le monde. De l'autre, l'animation de sa fondation, qu'il transforme partiellement en think tank pour sonner le branle-bas de la révolution écologique. Ses armes : une énergie, une force de conviction et un enthousiasme à toute épreuve. Assez pour déplacer les montagnes d'intérêts contradictoires qui se dressent devant lui? Réponses d'un utopiste sans trop d'illusions.
Pourquoi être revenu sur le devant de la scène politico-médiatique? Elle vous manquait?
Rassurez-vous, je ne m'ennuyais pas, d'autant que je suis responsable d'une fondation, ce qui représente déjà quasiment un plein-temps, même si mon activité y est bénévole. Si j'ai accepté de devenir l'envoyé spécial du président pour la préservation de la planète, c'est tout simplement parce que cette fonction me semble une nécessité et qu'elle me convient bien. On ne peut se contenter de tirer des sonnettes d'alarme, puis refuser l'occasion d'agir au plus près de ceux qui décident. Il serait tellement facile de céder au fatalisme quand tous les prétextes semblent bons - notamment la crise économique - pour ignorer les impératifs écologiques. Par ailleurs, cette proposition est arrivée à un tournant de mon existence, puisque j'ai décidé de suspendre toute activité professionnelle dans les années à venir, afin de me consacrer exclusivement à mon engagement écologique.
Dans la pratique, comment allez-vous vous organiser?
D'abord, je garde la présidence de la Fondation, car je souhaite poursuivre mon action en France. Mais, pour aller plus loin, il faut élargir sa vision: aucun pays ne peut avancer sur les questions écologiques sans grands alliés internationaux, puisque la crise écologique est universelle et transversale. D'où le choix de cette mission, qui a pour but de créer des réseaux, des alliances et d'élargir le dialogue. Je ne suis évidemment pas le premier ni le seul à agir, et je le ferai en complémentarité avec d'autres, notamment les experts de ma fondation, qui réfléchissent depuis longtemps sur les questions écologiques. Durant des années, beaucoup ont cru qu'on pouvait mobiliser sur des constats de plus en plus alarmants. Aujourd'hui, je suis persuadé qu'il faut passer aux propositions. Pourquoi? Parce que nous avons beau savoir que la planète - donc ses habitants - est en très grand danger, on n'arrive pas à y croire. C'est trop énorme, ça tétanise.
Certains contestent encore ces faits...
Il y aura toujours des esprits chagrins, sincères ou opportunistes, pour réfuter les conclusions des scientifiques, quasi unanimes, prouvant que l'activité humaine a une part de responsabilité dans les changements climatiques. Mais je note qu'à Doha comme à Copenhague aucun chef d'Etat n'est monté à la tribune de la conférence sur le climat pour réfuter ce diagnostic. Je considère donc qu'il est posé.
Refuser cette mision personnelle du président aurait été une faute Autre fait incontestable: nous avons basculé dans la rareté. Or notre économie, parce qu'elle repose sur l'exploitation des ressources naturelles et des matières premières, est sapée dans ses fondements. L'ambition du think tank qui vient d'être créé au sein de ma fondation est d'être le chaînon manquant entre le diagnostic scientifique et la production de solutions politiques. Si l'on ne donne pas aux citoyens une vision de ce que peut être le monde de demain, et si l'on ne fournit pas aux politiques des grilles de lecture, des clefs, des pistes, des chemins à la hauteur des enjeux de ce défi, on ne s'en sortira pas. Il faut passer à une autre échelle maintenant, entrer dans le dur, chacun à son niveau. Cette mission personnelle du président va me donner accès à des décideurs du monde entier. Refuser cette opportunité aurait été une faute.
L'accepter, n'est-ce pas passer pour un alibi écolo?
Je suis un intuitif, et je ne pense pas que ce soit l'idée de François Hollande. Je me suis d'ailleurs déjà exprimé publiquement sur plusieurs sujets qui me tiennent à coeur - par exemple, le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes - pour donner un avis discordant, et cela ne le dérange pas, au contraire. Avant d'accepter cette mission, j'ai posé trois conditions très claires. Garder mon indépendance et la présidence de ma fondation pour continuer d'agir à l'intérieur des frontières françaises; conserver ma liberté de parole, ce qui signifie que je ne pratiquerai jamais la langue de bois, même si je m'oblige à rester toujours courtois. J'ai enfin demandé à remplir ma mission officielle de manière bénévole, afin qu'il n'y ait pas de prise possible.
Faut-il faire l'éducation écologique du président?
A la Fondation, parce que nous avons le nez sur ces questions toute la journée et que nous sommes persuadés que le traitement de la crise sociale et économique passe aussi par le traitement de la crise écologique, il nous est plus facile d'avoir la bonne grille de lecture. Or la gauche n'a pas plus fait sa conversion écologique que la droite, puisqu'elle a toujours sous-traité ces sujets-là en s'appuyant sur les écologistes. Et je peux comprendre que, face à la crise, ces questions puissent sembler abstraites, exotiques ou éloignées des préoccupations concrètes. Il faut donc interpeller l'opinion, mais aussi convertir les décideurs. En dialoguant avec les trois derniers chefs d'Etat français, j'ai appris qu'on pouvait faire appel à leur sincérité. Quand vous dites hors caméra à un président: "Je ne me bats pas pour moi mais pour nos enfants, car c'est eux qu'on va balancer dans le vide, et pas dans trois générations, non, demain!", cet homme ne reste jamais insensible.
En période de crise les décideurs ont tendance à ne surtout rien essayer, par peur de tout perdre Depuis le début de la campagne électorale, François Hollande et moi-même avons eu une succession d'entretiens. Comme j'ai constaté une attention soutenue de sa part, nous sommes convenus au cours de l'été dernier que, pour aller plus loin, il fallait créer des alliances à l'international. Je sais bien que ce n'est pas moi, le petit Hulot, qui vais tout changer seul, mais je peux au moins essayer d'apporter mon aide.
Un mouvement peut-il s'amorcer quand les Français sont d'abord préoccupés par le chômage et le pouvoir d'achat?
Il faudra leur faire comprendre que le prix des produits alimentaires, de l'énergie, la crise économique, les inégalités sont de plus en plus liés à la crise environnementale. La bonne nouvelle, c'est que beaucoup de gens, y compris chez les économistes, réfléchissent à des solutions possibles, même s'ils savent bien qu'en période de crise les décideurs ont tendance à ne surtout rien essayer, par peur de tout perdre.
Les politiques doivent avoir accès à ceux qui ont des idées, sont capables d'audaces. Pour la première fois, l'humanité est confrontée à un enjeu collectif qui concerne chacun, quelle que soit sa nationalité, sa religion, sa position sociale. La diplomatie doit s'adapter à cette nouveauté pour que ces sujets ne soient plus traités uniquement dans les rendez-vous internationaux.
Ne risquez-vous pas de marcher sur les plates-bandes de Delphine Batho, de Laurent Fabius...
Je relève de l'Elysée, j'ai une toute petite équipe, je ne suis pas ministre. Et je n'aurais jamais accepté cette mission sans l'appui du Quai d'Orsay, qui semble sincèrement prêt à m'aider. Comme la France accueillera la conférence sur le climat en 2015, cela nous obligera à être très créatifs, à travailler sur le fond. Dans le monde entier, des initiatives fonctionnent. Mon rôle est de les agréger, de les valoriser. Je veux entrer, non par angélisme, mais par nécessité, dans l'écologie positive. Je veux montrer qu'il y a d'autres chemins. Ceux qui existent déjà, ceux que l'on peut ouvrir. Il faut renouer avec l'utopie.
Elle n'est guère en vogue par les temps qui courent...
L'un de mes inspirateurs, Théodore Monod, disait: "L'utopie, ce n'est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui est irréalisé." Voilà pourquoi il faut s'ouvrir à la créativité jusqu'aux frontières de l'utopie, car la schizophrénie actuelle produit toujours les mêmes erreurs en s'étonnant de reproduire les mêmes effets. Pour s'en sortir, il faut renouer avec des valeurs très importantes: l'humilité, la responsabilité, la solidarité et la mesure, avoir conscience de la finitude d'un monde dont les ressources ne sont pas infinies.
A quels pays réserverez-vous vos premières visites?
Les Etats-Unis sans doute, où l'on trouve de nouveaux convertis aux questions écologiques depuis qu'ils ont été affectés par la sécheresse ou le cyclone Sandy. Mais aussi le Canada, la Chine et, bien sûr, l'Afrique du Sud, une bonne porte d'entrée pour le continent noir.
Il faut renouer avec l'utopie Je voudrais également rencontrer les grandes autorités religieuses et spirituelles, qui ne s'expriment guère sur ces sujets, alors qu'il est question de l'avenir de l'humanité.
Biodiversité, climat, OGM, énergies alternatives, nucléaire... Il y a tant de questions à aborder. Lesquelles privilégier?
Aucune, car tout est lié. Mais, bien sûr, je m'adapterai à mes interlocuteurs, tout en sachant que la question du financement est centrale, puisque, à chaque proposition, j'entendrai la même réponse: "Tout cela coûte cher." Si je n'arrive pas avec des pistes crédibles, la discussion risque de tourner court. Voilà pourquoi j'ai en partie transformé ma fondation en think tank, afin d'y rassembler les idées novatrices des meilleurs penseurs, des meilleurs experts. Je suis l'élève particulier de gens aux compétences incroyables, qui font mon éducation en permanence. Pour l'heure, personne n'a de modèle clef en main, car jusqu'ici le moteur de l'économie, c'était la croissance. Il ne s'agit pas de lui substituer la décroissance, mais il y a probablement un nouveau paradigme à trouver. En attendant, il existe des voies de transition. Nous devons nous inspirer des initiatives qui marchent en Australie, en Corée du Sud, en Equateur, et même en chine, où l'on promeut l'économie circulaire, qui permet la réduction des flux de matière.
Les laboratoires d'idées ne manquent pas. Qu'apporterez-vous de plus?
La spécificité de ce think tank est de se demander si l'économie est une fin ou un moyen. De penser que la crise économique, la crise démocratique et la crise écologique ont une cause commune: l'excès. Et de considérer que, derrière tout cela,se profile une crise humaine. Nous avons été incapables de nous fixer des limites, alors que la planète - mais aussi les inégalités flagrantes - nous en impose. Nos démocraties ne sont sans doute plus adaptées aux enjeux du long terme. Le futur en est le grand absent. Nous tentons donc de réfléchir à des réformes institutionnelles qui permettraient d'obliger les Etats à ne pas le sacrifier. Combien de responsables politiques m'ont dit hors micro: "Tu as raison, mais comment veux-tu que je fasse autrement?"
Tout cela ne risque-t-il pas de donner l'image d'un Nicolas Hulot sans cesse dans les avions, avec, en plus, une empreinte écologique lourde?
J'en ai conscience, mais il n'existe pas d'autre moyen. Il faut bien semer pour récolter, et, si l'on veut convaincre les gens, la présence physique est indispensable, les yeux dans les yeux. Je chercherai en revanche à optimiser mes déplacements.
Selon vous, François Hollande peut-il encore reculer sur Notre-Dame-des-Landes?
Je pense qu'il est embarrassé. Concernant la pertinence du projet, je ne suis pas certain que le président en soit convaincu, mais il ne peut pas désavouer son Premier ministre. Nous avons en France un déficit démocratique; nous ne savons pas organiser des débats publics dignes de ce nom. Les terres agricoles deviennent rares. Avant de les sacrifier, il faut analyser le bénéfice social et économique. Dans le cas de Notre-Dame-des-Landes, ce bénéfice est plus que discutable.
Et pour l'EPR?
La position du président sur le nucléaire a le mérite d'être claire. Mais il serait bien d'initier une évaluation réellement indépendante sur l'EPR et son avenir économique. D'après ce que me disent des spécialistes, on va vers une impasse. Quels que soient les choix - aucun n'est parfait -, ils doivent être collectifs, partagés avec les citoyens.
Michel Rocard se dit favorable à l'exploitation, en France, des gaz de schiste. Cela vous trouble?
Au vu de l'expérience américaine, ils ont tout d'un nouvel eldorado, et je comprends qu'on y regarde à deux fois. Cependant, l'aggravation du réchauffement climatique nous impose de diminuer notre consommation d'énergies fossiles. Par ailleurs, les méfaits environnementaux de la fracturation hydraulique sont indéniables.
Nous avons trois ans pour agir, après il sera sans doute trop tard. Et même si demain, on nous prouve le contraire, il vaudrait mieux laisser le carbone dans la roche et explorer d'autres pistes. Si ces choix semblent douloureux aujourd'hui, ils seront rentables, y compris économiquement, demain. Nous avons signé le protocole de Kyoto ; nous devons rester cohérents avec cet engagement.
Faites-vous partie de ceux qui pensent que seule une catastrophe majeure, voire une guerre, pourrait permettre ces changements?
Ce n'est pas ce que je crois, mais ce que je crains et que je veux éviter, car les victimes, à terme, sont toujours les plus faibles. A ceux qui raillent l'écologie, je signale qu'ils sont déjà des centaines de milliers, selon les Nations unies, à payer cette crise. Sur les enjeux écologiques, un front commun gauche-droite aurait une force de persuasion immédiate. Rien ne changera tant qu'il n'y aura pas une telle alliance. Les politiques et les médias ont une vraie responsabilité dans ce domaine, même si la vérité n'est pas toujours audible dans nos sociétés.
Finalement, êtes-vous confiant ?
Je suis d'un naturel optimiste, mais, vingt ans après Rio, cela me désespère de voir que, de tant d'années qui auraient dû être utiles, nous avons fait des années futiles. Alors plutôt que de baisser les bras, j'ai décidé de donner encore plus, mais en me mobilisant sur les idées. A mon petit niveau, je vais essayer de montrer qu'on peut faire mieux avec moins. Ce n'est pas une formule: la vérité est là. Nous avons trois ans pour agir, après il sera sans doute trop tard.
Regrettez-vous parfois de vous être engagé en politique?
Non, car je garde ma liberté. Une liberté absolue.
Siègent notamment dans ce comité scientifique l'écologue Robert Barbault, l'agronome Marc Dufumier, le spécialiste de l'énergie Jean-Marc Jancovici, le climatologue Jean Jouzel, le philosophe Dominique Bourg et les économistes Alain Grandjean et Bernard Maris. Leurs propositions porteront sur des sujets allant de l'alimentation à la culture, en passant par le logement, la fiscalité ou la santé. Le premier think tank écologiste que nous lançons (...) se veut apolitique, a insisté Nicolas Hulot mercredi sur iTélé. Pour moi, l'écologie c'est une contrainte, suprême, cruciale, supérieure, un enjeu universel, qui ne peut pas se réduire dans un clivage politique, a ajouté celui qui fut candidat malheureux à la primaire écologiste pour la dernière présidentielle avant de voter pour Jean-Luc Mélenchon. L'idée maintenant c'est qu'on ne mobilisera pas la société sur le constat, sur la peur, ou sur la crainte. Le diagnostic scientifique il est là, n'en déplaise à certains. (...) On mobilisera sur des idées, sur une vision, a-t-il continué. (©AFP / 30 janvier 2013 14h01)
Prix du gaz : le Conseil d'Etat demande l'annulation des arrêtés qui gelaient les tarifs
Cette décision porte sur les périodes du 1er juillet 2011 au 1er octobre 2011, du 20 juillet 2012 au 28 septembre 2012, et du 29 septembre 2012 au 1er janvier 2013.
En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/pepites/prix-gaz-conseil-etat-demandent-annulation-arretes-qui-gelaient-tarifs-623424.html#WgrjhChWyLOC83Mm.99
La réforme du marché européen de quotas CO2 en manque de soutien politique : La Commission a engagé une réforme du marché de CO2 afin de relever des cours en chute libre. Le marché doute du soutien politique des Etats membres et la commission Itre du Parlement demande à l'exécutif européen de revoir sa copie. Le juge fédéral du District Est de Louisiane (USA) a validé mardi 29 janvier l'accord passé en novembre 2012 entre la compagnie pétrolière britannique BP et le ministère de la justice américain, dans lequel BP s'engage à payer plus de 4,5 milliards de dollars et reconnaît sa culpabilité dans la marée noire du Golfe du Mexique en 2010. Il s'agit de la plus forte amende de ce type payée aux États-Unis. BP a annoncé qu'il verserait 4 milliards de dollars au ministère américain de la Justice sur une période de cinq ans, en échange de l'abandon des poursuites pénales fédérales, et 525 millions de dollars à l'autorité boursière américaine (SEC).
http://www.actu-environnement.com/ae/news/maree-noire-accord-BP-etat-validation-justice-louisiane-17665.php4?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
Vermillon a engagé une campagne d'exploration de pétrole en Seine et Marne.
© tous droits réservés, danièle favari.
Reproduction interdite sauf accord de l’auteur, ou établissement d’un lien preformaté.
nongazdeschisteinfos@gmail.com
https://twitter.com/#!/daniele_favari
Les commentaires sont modérés. Ils sont les bienvenus à l'exception de toute attaque personnelle et de tous propos injurieux, blessants ou racistes.