Gaz de schiste, les dessous d'une contre-attaque.

Publié le par nongazdeschisteinfos

Paru dans Match : « Gaz de schiste, les dessous d’une contre-attaque »

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Corinne Lepage dénonce une "offensive de l’industrie pétrolière pour imposer les gaz de schiste", défendus notamment par Claude Allègre. | Photo Benoît Tessier/Reuters

Le lobbying des pétroliers en faveur de ce gaz naturel non conventionel présent dans le sous-sol français bat son plein.  Sur le papier, la cause est entendue. Depuis la loi votée en juin 2011, l’exploitation des gaz de schiste est interdite en France, en tout cas dans l’état actuel du procédé utilisé (la fracturation hydraulique du sous-sol), jugé trop dangereux pour l’environnement. Ce veto a été réitéré par Delphine Batho, la nouvelle ministre de l’Ecologie, et par le président de la République.  Pourtant, les partisans de ce nouvel or noir – en plein boom aux Etats-Unis – ne désarment pas. De toutes parts surgissent des « spécialistes » qui tentent de retourner l’opinion. ­Reconverti en « conseil pour les affaires », le géochimiste et ancien ministre Claude ­Allègre vient de publier une tribune : « Monsieur Hollande, n’ayez pas peur des gaz de schiste ! » [http://www.lepoint.fr/chroniques/monsieur-hollande-n-ayez-pas-peur-des-gaz-de-schiste-05-07-2012-1482421_2.php]. A travers leur Amicale des foreurs et des métiers du pétrole, les ­professionnels du secteur dénoncent une « campagne de dénigrement sans ­précédent » des gaz de schiste dans une lettre ouverte ­adressée à Delphine Batho, Arnaud Montebourg et ­François Hollande.

http://foreurs.net/index.php?option=com_content&view=article&id=552:lettre-ouverte-a-mme-delphine-batho&catid=18:actualites-amicale&Itemid=59

La bataille devrait culminer les 14 et 15 septembre prochain

Des initiatives nombreuses et coordonnées ? Il y a quelques semaines, des étudiants de l’Ecole de guerre économique [EGE], se référant au groupe Total, avaient rédigé un rapport sur « l’intérêt du gaz de schiste pour la France », [http://bdc.aege.fr/public/L_interet_du_gaz_de_schiste_pour_la_France.pdf ]élaborant une « campagne de contre-information à mener contre les détracteurs de cette activité ». Chaque fois reviennent les mêmes arguments : les risques pour l’environnement sont maîtrisables ; la France est assise sur un eldorado qui peut sauver notre économie... « De toute évidence, une offensive de l’industrie pétrolière est en cours pour imposer les gaz de schiste partout en Europe », tempête la députée européenne Corinne Lepage, qui se dit très vigilante sur le sujet. La bataille entre anti et pro-gaz de schiste devrait culminer les 14 et 15 septembre prochain, au moment où le nouveau chef de l’Etat ouvrira la conférence environnementale, qui doit définir le plan d’action du gouvernement en matière d’écologie et d’énergie. François Labrouillère - Paris Match

Gaz de schiste : le lobby s’active en sous-sollobby_gazdeschiste.jpg

Alexa Brunet a réalisé une fiction photographique, Nouvelles du Gazhistan, pour alerter sur les conséquences réelles ou supposées d’une exploitation des gaz de schiste, en Ardèche et dans le Larzac. Au menu, rivière asséchée, gaz toxiques,méthane dans l’eau et, au final, exode… (Photo Alexa Brunet. Transit. PictureTank)

Analyse En France, malgré un moratoire mis en place il y a un an, Total et les industriels travaillent en coulisses à le remettre en cause.

Après le pétrole au large de la Guyane, les gaz de schiste de la métropole ? «Le débat n’est pas tranché.» Sur RTL, le Premier ministre a fracturé hier les certitudes des opposants aux gaz de schiste, pour lesquels le débat concernant leur exploitation était plié depuis la mise en place d’un moratoire, il y a un an. «Le 14 septembre va s’ouvrir une conférence environnementale et […] il faut qu’on mette sur la table les différentes solutions qui pourraient exister et [établir s’il faut ou non]. 22 août 2012 à 21:56

Par LAURE NOUALHAT,  Article paru dans Libération le 23 août 2012
http://www.liberation.fr/terre/2012/08/22/gaz-de-schiste-le-lobby-s-active-en-sous-sol_841282

Après le pétrole au large de la Guyane, les gaz de schiste de la métropole ? «Le débat n’est pas tranché.» Sur RTL, le Premier ministre a fracturé hier les certitudes des opposants aux gaz de schiste, pour lesquels le débat concernant leur exploitation était plié depuis la mise en place d’un moratoire, il y a un an. «Le 14 septembre va s’ouvrir une conférence environnementale et […] il faut qu’on mette sur la table les différentes solutions qui pourraient exister et [établir s’il faut ou non] les utiliser ?»a poursuivi Jean-Marc Ayrault. Ce rendez-vous peut être pris, la loi est claire : l’exploitation de ces ressources par la très polluante technique de fracturation hydraulique, la seule connue à ce jour, est interdite en France.  «Si, demain, on trouve une technique plus propre, je suis persuadé que le gouvernement français autorisera l’exploitation de ces gaz non-conventionnels en France»,assure Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace. Ce dont se défend vertement la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho. «On peut bien dire qu’on ouvre le débat si on a une technique plus propre, mais comme il n’en existe pas, tout cela est théorique. Aujourd’hui, les questions énergétiques se posent dans des conditions radicalement nouvelles et d’une façon dont elles ne se sont jamais posées à l’humanité, dans un contexte de rareté et de réchauffement climatique.»

Cas d’école. Pourtant, un débat non tranché, c’est un débat où chacun continue de fourbir ses arguments. C’est bien ce que font les industriels qui, depuis un an, bataillent pour récupérer ce qu’ils ont perdu : le droit d’exploiter les richesses fossiles du sous-sol français. Depuis des mois, l’offensive est diffuse, silencieuse, discrète. En un mot, classique. Elle s’est soldée, en juillet, par un voyage de presse où TOTAL a convié des journalistes sur un terrain de choix – les Etats-Unis – où l’entreprise exploite plusieurs gisements à Barnett Shale, dans le Texas. Depuis, émissions, papiers et éditos conciliants envers ces ressources instillent l’idée que l’interdiction de leur exploitation, en France, n’est peut-être pas pertinente. «Ce n’est pas du lobbying, se défend-on chez TOTAL, nous cherchons simplement à faire valoir notre point de vue.»  En France, après le moratoire, le pétrolier a déposé un recours contre l’abrogation de son permis d’exploration à Montélimar. «En tant qu’industriels, nous voulons connaître le potentiel de gaz prisonnier du sous-sol français. A nous de convaincre ensuite qu’on peut l’exploiter le plus proprement possible. Mais surtout, il faut réunir un maximum d’éléments pour avoir un débat équilibré.» Pour les industriels, ne pas exploiter ces gaz – ou le pétrole guyanais – serait une aberration «au nom du réalisme économique, du déficit de la balance commerciale française, dû en partie aux prix de l’énergie, ou de notre indépendance énergétique», selon un cadre du secteur.

Anecdote savoureuse, la contre-offensive progaz de schiste est même devenue un cas d’école, puisque des étudiants en master d’intelligence économique [EGE] ont planché sur une campagne, fictivement commanditée par TOTAL, visant à démonter les arguments des anti. Leur document conseille de viser «politiques, médias, scientifiques et populations», de créer une commission «scientifique indépendante», d’inviter les médias sur place, voire de recruter un ambassadeur qui soit à la fois «scientifique et populaire», avant de suggérer le nom de l’ex-animateur de télé Jérôme Bonaldi. TOTAL dément catégoriquement – et pour la seconde fois en un an – avoir commandé une telle étude, laquelle circule en boucle sur le Net.

Code minier. Le groupe n’a peut-être pas besoin de ce genre de documents pour faire valoir ses arguments. Depuis le mois de juin, et l’éviction de Nicole Bricq du ministère de l’Ecologie pour avoir menacé de suspendre des forages exploratoires au large de la Guyane, on sait qu’il existe des points de vue très divergents sur le dossier énergie au sein du gouvernement. Début juillet, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait souhaité «regarder» le dossier, dans le cadre de la refonte du code minier, avec la ministre de l’Ecologie. «Il est évident qu’il reste une gauche ultra-productiviste au sein de ce gouvernement, s’exclame l’eurodéputé José Bové. Mais, même s’ils veulent aller chercher les dernières gouttes de pétrole ou de gaz, on ne laissera pas faire !» Il réclame qu’en septembre Ayrault «aille au bout de sa logique» et suspende toutes les autorisations d’exploration en cours, notamment celle de Doue, en Seine-et-Marne, où la société Hess Oil prévoit un forage de recherche.  «Culturellement, les gens actuellement au pouvoir, sans être propollution, ne sont pas tous favorables à un moratoire sur les gaz de schiste»,explique Arnaud Gossement, avocat, spécialiste du droit de l’environnement. Ce moratoire existe surtout grâce à la pression des citoyens et des élus locaux, organisés partout en collectifs. Sur ce dossier, hauts fonctionnaires et industriels ont clairement sous-estimé la question de l’acceptabilité sociale de l’extraction de ces ressources. «Ils ont été surpris face à la virulence de la réaction des gens, confirme Gossement. Ils estiment que les craintes soulevées sont largement injustifiées.» La prise en compte du public, de ses craintes et de ses positions, figurera peut-être au menu de la refonte du code minier, prévue d’ici à la fin de l’année et à laquelle s’était attelée Nicole Bricq.  Reste que cette refonte, comme le débat sur les énergies, ne peut plus occulter les questions climatiques. «La question posée est celle de la recherche d’un vrai progrès, estime Delphine Batho. Il faut une quatrième révolution industrielle. Trouver de nouvelles sources d’énergie et, en même temps, sauver l’avenir de l’humanité.»


Aux Journées EELV : "La fracturation hydraulique pose problème" selon Delphine Bathodelphine-batho_hemicycle.jpgLa ministre de l’Ecologie est revenue lors d’un débat aux journées d’été d’Europe Ecologie les Verts sur la prospection des gaz de schiste le 22 août.   "Je me prononce en fonction de ce qui existe. Actuellement la fracturation hydraulique est la seule technique qui existe et il est avéré que c'est une technique qui pose problème, a expliqué Delphine Batho. Je pense que la transition énergétique, ce n'est pas d'aller chercher de nouveaux hydrocarbures".

Cette intervention a lieu quelques jours avant la tenue de la conférence environnementale des 12 et 13 septembre prochains. Le sujet des gaz de schiste devrait y être largement abordé, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ayant dans la matinée assuré que le débat n’était pas tranché. La ministre n’a pas exclu que le débat puisse être ouvert "si de nouvelles techniques existaient".  Pour le leader écologiste Pascal Durand, "que le débat ne soit pas tranché, c'est vrai puisque la conférence environnementale (prévue le 14 septembre, ndlr) ne s'est pas tenue. Mais c'est un faux débat parce qu'il y a une totale volonté de désinformation de la part d'un certain nombre de groupes pétroliers qui essayent de faire croire qu'on pourrait aller sur la prospection du gaz de schiste sans passer par la fracturation hydraulique, cela est un mensonge éhonté".  Selon lui, certains groupes industriels sont prêts à mentir pour essayer de pouvoir continuer dans l’exploration des gaz de schiste. Par Barbara Leblanc - Publié le 23 août 2012, à 07h49

http://www.usinenouvelle.com/article/la-fracturation-hydraulique-pose-probleme-selon-delphine-batho.N180535#xtor=RSS-215

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/23/gaz-de-schiste-pour-batho-la-fracturation-hydraulique-pose-probleme_1748672_3244.html#xtor=RSS-3208

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20120823.OBS0216/batho-s-oppose-a-la-fracturation-hydraulique-pas-au-gaz-de-schiste.html 


Gaz de schiste : ne nous trompons surtout pas de débat 

En France, le lobby pro-gaz de schiste ne manque pas de ressources pour monopoliser le débat. Il a récemment musclé son dispositif de communication de manière inquiétante. En manipulant les vrais enjeux soulevés par le sujet.  Il faut se rendre sur place pour comprendre : aux Etats-Unis, les gaz de schiste ouvrent une nouvelle ère pour les énergies fossiles. Soutenus par le gouvernement fédéral, les industriels voient dans ce nouveau réservoir la clé d’une véritable révolution énergétique. A l’inverse du gaz conventionnel, les ressources en gaz de schiste sont mieux réparties sur le globe. Les chiffres manquent encore de précision, mais l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime le sous-sol français (particulièrement le bassin parisien et le sud-est du pays) comme l’un des plus prometteurs.

Aussi, les compagnies gazières expliquent-elles au public et aux décideurs politiques qu’une «exploitation propre» est possible : les dizaines de millions de litres d’eau polluée, les fuites de méthane ou autres impacts irréversibles sur l’environnement inhérents à la fracturation hydraulique ne seraient bientôt que de vieux souvenirs. Mais ces affirmations sont peu crédibles pour ceux qui ont pu approcher un site d’exploitation et constater les dégâts.  La réalité est en effet tout autre : les multinationales tentent de confisquer un débat plus large dont les conclusions nous engagent à très long terme. Focaliser les discussions sur les aspects techniques de l’exploitation des gaz de schiste, c’est admettre implicitement la nature acceptable de cette ressource. La véritable interrogation ne concerne-t-elle pas plutôt la place des énergies fossiles dans les politiques économiques et écologiques de demain ?

Car le débat est profondément politique, au sens le plus noble du terme : seule l’absence de considération des enjeux climatiques et durables expliquerait qu’on accepte de développer ce type d’énergie fossile en France. Le positionnement de nos dirigeants sur ce sujet sera un puissant révélateur du projet de société réellement souhaité par notre classe politique.  Les prochains mois seront le cadre de deux événements importants. Mi-septembre aura lieu la conférence environnementale pilotée par le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Quelques semaines plus tard, le gouvernement présentera un projet de loi de réforme du code minier. Dans ces conditions, on comprend aisément l’importance du lobbying développé depuis quelque temps par les industriels du secteur. D’ailleurs, l’arsenal propagandiste pourrait rapidement s’étoffer. Au programme ? Des notes orientées envoyées aux cabinets des élus, des voyages de presse formatés proposés aux journalistes, une campagne de communication largement déployée sur les réseaux sociaux… Nous pourrions même assister à la naissance de comités d’experts destinés à rendre des avis positifs sur les gaz de schiste en dénonçant des opposants trop idéologues !

Or les arguments avancés ne tiennent pas, et plusieurs éléments doivent attirer notre attention. Le marché européen des gaz de schiste est fort différent de celui des Etats-Unis. Une étude réalisée en décembre 2010 par l’Oxford Institute for Energy Studies et validée par l’AIE démontre que le coût d’exploitation et de développement des gaz non conventionnels serait deux à trois fois plus élevé en Europe qu’aux Etats-Unis. Dans le meilleur des scénarios, pour des raisons géologiques et juridiques, le prix serait proche du gaz russe importé et supérieur au prix des gaz provenant d’Afrique et du Moyen-Orient.

Par ailleurs, il existe aujourd’hui sur le marché des leviers d’action alternatifs beaucoup plus puissants pour notre développement économique. Une autre voie, articulée autour des économies d’énergie et des énergies renouvelables, présente le considérable avantage d’intégrer deux éléments fondamentaux : la finitude des ressources de notre planète et la fragilité des équilibres naturels dont nous dépendons. Partout où les gaz de schiste sont exploités, les autres modes de production énergétiques sont gravement menacés. Aux Etats-Unis par exemple, l’engouement pour l’exploitation du gaz non conventionnel se fait au détriment du nucléaire ou du charbon, qui ne peuvent s’aligner sur les prix bas de cette ressource.  Mais les principales victimes sont les énergies renouvelables qui, en plein essor, ont besoin d’un soutien politique sans faille et d’un cadre réglementaire stable et ambitieux pour arriver à supplanter les énergies fossiles. Aussi avons-nous de quoi nous inquiéter pour notre avenir, si les choix qui s’offrent à nous aujourd’hui ne sont pas considérés comme des choix de civilisation. 21 août 2012 à 19:06

Par NICOLAS THIERRY Conseiller en politique publique

http://www.liberation.fr/terre/2012/08/21/gaz-de-schiste-ne-nous-trompons-surtout-pas-de-debat_841004


Le gouvernement entretient le flou autour des gaz de schisteon-n-est-pas-masochiste.jpg

L'exploitation des gaz de schiste dans nos frontières entraînerait inévitablement une augmentation substantielle des émissions de gaz à effet de serre

Un comble quand on sait que le Parti socialiste avait naguère critiqué le manque de fermeté de l’ex-majorité sur ce dossier…

En matière énergétique, les années se suivent et ne se ressemblent pas pour le Parti socialiste. À moins qu’il y ait un gouffre entre être dans l’opposition et être aux commandes d’un vaisseau France aujourd’hui très mal en point.  Souvenez-vous : l’an passé, l’Hexagone devenait le premier pays à interdire la fracturation hydraulique, méthode d’extraction à l’origine de dommages écologiques considérables de l’autre côté de l’Atlantique. Une disposition majeure, historique même, mais qui ne satisfit ni le PS, ni EELV (Europe Écologie-Les Verts), ni les associations de protection de l’environnement, lesquels estimaient de concert qu’il fallait cadenasser. Verrouiller la porte à double tour à l’exploration et fatalement à l’exploitation des gaz de schiste. Trop dangereux pour l’environnement, trop dangereux pour l’Homme à leurs yeux.  Il est cependant à croire que selon les circonstances, les dirigeants finissent par s’accorder par-delà les idéologies. Realpolitik quand tu nous tiens…  Dans une situation économique plus que difficile, la France se doit de dégager des fonds au plus vite pour relancer la croissance. De là à envisager la réouverture du dossier de la prospection des hydrocarbures de roche-mère sur le territoire national, quitte à faire grimper en flèche les émissions de gaz à effet de serre, à dénaturer des paysages et à s’attirer les foudres d’EELV, sans parler de celles des élus concernés – qui ont montré que, quel que soit leur bord, ils ne se présenteraient pas en victimes expiatoires -, il y a un grand pas que le gouvernement pourrait franchir. Comme si, dans pareil contexte financier, les enjeux liés au développement durable devenaient accessoires.

En la circonstance, comme en ce qui concerne l’exploration d’hydrocarbures au large des côtes guyanaises, une entreprise périlleuse pilotée par le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell, qui a obtenu de solides garanties (et peut-être la tête de l’ancienne ministre de l’Écologie Nicole Bricq), le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg parlent d’une seule voix. À leurs yeux, le dossier n’est pas clos.

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Quid de la lutte contre le réchauffement climatique ?

Le locataire de Matignon, pourtant l’un des plus acerbes à l’Assemblée Nationale au moment de l’adoption de la loi Jacob, qu’il trouvait alors insuffisante, l’a redit hier sur le plateau de BFM TV. « Pour l’instant […], le système de fracturation hydraulique, qui a des effets dévastateurs, c’est interdit », a-t-il rappelé, mais « le débat n’est pas tranché ».  Et M. Ayrault d’évoquer la possibilité d’un recours à d’hypothétiques technologies alternatives permettant d’extraire les hydrocarbures du sous-sol sans altérer l’environnement. Des technologies qui n’existent pas encore, mais auxquelles Paris ne s’opposerait donc pas. À la différence d’EELV, qui sur ce sujet plaide pour le principe de précaution et qui, après le refus du PS de fermer d’autres centrales nucléaires que celle de Fessenheim (Haut-Rhin) durant le quinquennat et de renoncer au programme EPR, est en train d’avaler une autre grosse couleuvre.  « Le 14 septembre va s’ouvrir une conférence gouvernementale et tout sera mis sur la table […] Il faut qu’on mette sur la table les différentes solutions qui pourraient exister […] et qui ne seraient pas polluantes », a poursuivi le Premier ministre. Une conférence auxquelles les ONG de défense de la nature prendront part et qui pourrait donner lieu à de vifs échanges.  En attendant, l’ancienne ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas laissé passer l’occasion d’égratigner M. Ayrault. Sur son compte Twitter, elle a notamment posté : « J’ai un nouveau slogan pour (les socialistes) : “Gaz de schiste : la duplicité, c’est maintenant, l’écologie, c’est pour quand ?” ». L’ex-porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy a également ironisé sur le mutisme des responsables d’EELV, qui « débattent du sens philosophique de leur participation au gouvernement » à l’occasion des Universités d’été du parti, à Poitiers (Charente).  Une chose est sûre : la transition énergétique chère au président de la République, mais aussi la lutte contre le réchauffement climatique, toutes deux indispensables, seront sérieusement écornées si la France devait finir par s’ouvrir aux hydrocarbures de roche-mère. par Guillaume Duhamel, Jeudi 23 août 2012

Crédits photos : Wikimedia Commons - Karol Karolus / flickr – Nicolas Sawicki

http://www.zegreenweb.com/sinformer/le-gouvernement-entretient-le-flou-autour-des-gaz-de-schiste,58416 


Essence : la hausse fait aussi des heureux mais "en diminuant les taxes sur l'essence, on freine la nécessaire transition énergétique"

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Les prix des carburants devraient se maintenir à un niveau élevé dans l'avenir. (Photo Pierre Andrieu. Afp) 22 août 2012 à 15:41

Interview Après l'annonce d'une baisse des taxes sur les carburants, Stéphane Hallegatte, économiste, et Roger Braun, directeur général de l'Automobile Club Association, réagissent.

Recueilli par Dominique ALBERTINI

«Modeste et provisoire» : ainsi Jean-Marc Ayrault a-t-il qualifié la future baisse des taxes sur le carburant. Même ainsi, la décision ne fait pas l'unanimité : coup de pouce légitime aux usagers de la route, ou mauvais calcul qui affecte les recettes de l'Etat et retarde la transition énergétique ? Interview croisée de Stéphae Hallegatte (photo DR), économiste au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, et Roger Braun (photo DR), directeur général de l'Automobile Club Association. 

L'annonce d'une baisse des taxes sur les carburants vous semble-t-elle opportune ?

Roger Braun : L’adjectif «modeste» fait craindre que ce ne soit pas immédiatement suffisant. Cela dit, il faut se féliciter que le gouvernement ait pris la mesure de l’impatience des usagers de la route. Le blocage des taxes, c’est encore plus rapide que le blocage des prix. Le gouvernement a décidé de ne pas profiter de l’augmentation de ceux-ci pour augmenter ses recettes.

 

Stéphane Hallegatte : Ce n’est sûrement pas cela qui changera les choses de manière visible. L’effet devrait être très limité. On a bien plus besoin d’une vision de long terme, face au changement structurel qui maintiendra les prix de l’essence à un haut niveau dans l’avenir.

Le carburant cher est-il une fatalité ?  
R. B. Le carburant est cher, c’est un fait. Mais un fait lié à des aspects internationaux dont personne ne peut prévoir les développements et la durabilité. Aspects géopolitiques, ou financiers : le haut cours de l’euro est un facteur de renchérissement du prix à la pompe. Il y a sans doute aussi un mouvement de hausse structurel du prix du pétrole. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas en limiter les effets, et les pouvoirs publics en ont les moyens. Dans les discussions en cours avec les distributeurs pétroliers, ils peuvent notamment obtenir que les baisses de prix soient répercutées aussi rapidement à la pompe que les hausses.

S. H. Il faut séparer la tendance de long terme et les fluctuations temporaires. Quand les prix augmentent à cause d'évènements ponctuels, géopolitiques par exemple, il est logique de lisser les prix avec des baisses de taxe. Mais, sur des tendances de long terme, c’est inutile. L’effet est minime pour les automobilistes, mais très important pour les finances publiques. S’il n’y avait pas une tendance de long terme à la hausse, l’impact des évènements géopolitiques ne serait pas aussi fort. Si les prix sont aussi volatils, c’est que la demande augmente plus vite que la production.

Quelle serait, selon vous, la bonne politique en matière de prix des carburants ? 

R. B. Il faudrait retenir un niveau de prix acceptable et essayer de le geler à ce niveau. Selon nous, il faudrait viser 1,30 euro par litre pour le gazole, et 1,50 euro par litre pour le Super 95. Ce blocage doit s’appuyer sur un mécanisme de taxe flottante, mais probablement les pétroliers devront-ils, eux aussi, participer à cette baisse.

S. H. La taxe flottante coûtait très cher, c’est une mauvaise façon d’utiliser l’argent public. En subventionnant l’essence, on favorise les comportements «énergivores», et on freine la nécessaire transition énergétique. Si l’on veut vraiment aider les gens, ils faut les accompagner dans la diminution de leur consommation énergétique. L’argent public, mettons-le sur les véhicules propres, les énergies renouvelables, les transports en commun, ou encore la précarité énergétique : les quatre millions de logements inefficaces thermiquement coûtent très cher à leurs habitants .

http://www.liberation.fr/economie/2012/08/22/en-subventionnant-l-essence-on-freine-la-necessaire-transition-energetique_841159


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