Gaz de schiste, talon d'achille du climat

Publié le par nongazdeschisteinfos

Urgence climatique : le talon d’Achille du gaz de schiste

LE CERCLE. par Maîtres Jean-Pierre Mignard (Avocat au Barreau de Paris, Fondateur du cabinet Lysias)  et Sébastien Mabile (Avocat au Barreau de Paris, Avocat associé du cabinet Lysias Partners) - Alors que s’achève la conférence internationale de Doha sur le climat sur un accord minimal de prolongation symbolique du Protocole de Kyoto, le rapport de la Banque Mondiale sur le réchauffement climatique venait nous rappeler quelques jours plus tôt vers quel abîme nous nous dirigeons. CO2L’institution, plus connue pour avoir financé centrales à charbon, autoroutes ou autres aéroports, confirme la révolution politique et culturelle qu’elle a amorcé depuis une dizaine d’années face à l’émergence des risques environnementaux, et notamment climatiques. Elle fait quatre constats : les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter considérablement ; notre planète se réchauffe inexorablement ; la responsabilité de l’homme dans ce réchauffement est « sans équivoque » ; au rythme actuel, ce réchauffement aurait des conséquences « cataclysmiques ». 

Selon un autre rapport de Munich Re, grande compagnie d’assurance, le continent nord-américain est celui qui a connu la plus forte hausse des pertes financières dues à des évènements liées au climat entre 1980 et 2011. Le ralliement après le passage de l’ouragan Sandy du maire de New-York Michael Bloomberg à Barack Obama, qui saurait "diriger en matière de changement climatique", illustre l’importance de la mutation des mentalités aux Etats-Unis. Lors du premier discours après sa réélection, le Président américain a déclaré que « pour nos enfants, nous voulons un pays (…) qui n’ait pas à craindre cette arme de destruction que représente le réchauffement climatique ». Les mots employés indiquent à quel niveau se situe dorénavant l’urgence. Le vice-président Al Gore, prix Nobel de la paix avec le GIEC en 2007 avait déjà ouvert la voie.

Le Président de la République François Hollande, pour lequel le « changement climatique, (…) n’est pas une opinion ou une hypothèse, mais un fait scientifique », défendra à la Conférence de Doha des objectifs ambitieux de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2030, puis de 60% en 2040. Le débat sur la transition énergétique doit permettre d’aller vers une société sobre en carbone. L’urgence climatique l’impose.

Cela suppose d’opérer pour tous une véritable révolution culturelle.

Alors que le débat sur l’exploitation du gaz de schiste se focalise sur les seules techniques d’exploitation et leurs conséquences sur l’environnement, nous estimons que le recours aux énergies fossiles doit être accueilli avec une certaine prudence en raison de leur responsabilité dans l’augmentation des gaz à effet de serre. Le caractère massif des fuites de méthanes des puits de gaz de schiste, confirmé par l’administration américaine (NOAA et EPA), accroit de 20 à 50% l’empreinte en équivalent CO2 du gaz de schiste par rapport au charbon pour la même quantité d’énergie produite. Evoquer le seul soutien des gaz de schistes à l’amorce de ré industrialisation des Etats-Unis sans peser en balance son impact sur les émissions de gaz à effet de serre traduit une conception datée du développement.

GESLe débat sur la transition énergétique devra confirmer l’accroissement de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ainsi que nos objectifs de réduction de notre consommation à travers le renforcement de l’efficacité énergétique. Les objectifs fixés en 2008 par le paquet « climat énergie » et confirmés par la loi Grenelle I devront être atteints. Ainsi, la part des énergies renouvelables devra progresser de 13,1% en 2011 à 23% en 2020. Rajoutons que les travaux d’expérimentation en termes de stockage de l’énergie doivent être massivement amplifiés et aidés.

Cependant, le seul recours aux énergies renouvelables ne suffira pas à faire face aux défis. Ces énergies dites « intermittentes » ne permettront pas de répondre à l’ensemble de nos besoins aussi longtemps que nous ne serons pas capables de stocker l’électricité ainsi produite. Une « énergie de base » reste nécessaire. L’Allemagne, en renonçant au nucléaire, a fait le choix du gaz et du charbon. Le « World Ressources Institute » révélait récemment que plus de 1200 centrales à charbon étaient en construction dans 59 pays. Les difficultés auxquelles fait face le programme UCLOS à Florange qui aurait permis de maintenir en activité une partie de la phase liquide du site des hauts-fourneaux démontrent que les projets de stockage de CO2 ne peuvent encore être développés à grande échelle tant que le marché mondial du carbone se maintiendra à de si faibles niveaux. Il s’agit donc d’une invraisemblance quand les scientifiques du monde entier appellent à une réduction massive et immédiate de nos émissions de gaz à effet de serre. Entre 2009 et 2010, seule l’Espagne en crise réduisait ses émissions de gaz à effet de serre au sein de l’Union européenne.

Face à l’urgence, les Etats doivent renoncer à ces politiques suicidaires.

Parallèlement, le mouvement écologiste devrait opérer sa propre révolution culturelle. L’urgence est là, et elle appelle d’abord à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. L’énergie nucléaire, qui certes reste porteuse d’un risque considérable, doit être reconnue comme contribuant à éviter le « cataclysme » annoncé par le GIEC et la Banque Mondiale.

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Jonah Field/J.Sartore/National Geographic Stock

L’énergie nucléaire devrait être inclue aux côtés de l’éolien et du photovoltaïque dans le « mécanisme pour un développement propre » prévu à l’article 12 du Protocole de Kyoto qui permet aux Etats qui aident les autres à y avoir recours de bénéficier de certificats de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. La contribution de l’énergie nucléaire à la réduction des émissions mondiales doit se conjuguer à la sûreté des réacteurs qui constitue le préalable à toute exploitation. Nous disposons aujourd’hui des techniques, des normes et des institutions susceptibles de garantir un niveau supérieur de sûreté.

La France, qui vient de confirmer qu’elle est candidate pour accueillir le grand rendez-vous de 2015 au cours duquel un nouvel accord sur le climat devra être finalisé, peut utilement y contribuer à condition que l’énergie nucléaire ne profite pas de sa situation privilégiée en matière d’émissions de gaz à effet de serre pour imposer un dangereux dumping en matière de sûreté. Le prix à payer sera celui de la transparence et d’une gouvernance mondiale intégrant les standards les plus élevés en termes de sûreté nucléaire tant sur l’exploitation des centrales que sur le traitement des déchets nucléaires. Mais c’est le cycle de l’histoire de la planète dans laquelle nous entrons : éviter que l’Humanité ne glisse dans l’abîme d’un réchauffement non maîtrisé.


LES AUTEURS : Mes Jean-Pierre Mignard et Sébastien Mabile, docteurs en droit, avocats au Barreau de Paris et Maîtres de Conférences à Sciences Po sont les auteurs de l’ouvrage « Sûreté nucléaire, droit et gouvernance mondiale », Bruylant, Bruxelles, 2012 

Le 19 décembre 2012 : http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/energies-environnement/environnement/221161392/urgence-climatique-talon-achille-gaz


 Evidence of Emissions from Oil and Gas Drilling Operations in Northeastern Colorado Methane emissions (Tg) from natural gas systems EPA US GHG inventory 2010 vs2011

http://www.esrl.noaa.gov/gmd/annualconference/previous/2011/slides/44-110414-A.pdf


The Lancet l'affirme : il y a un risque "inacceptable" de silicose pour les exploitants de puits de gaz de schiste.

http://download.thelancet.com/flatcontentassets/lanres/edch/131112_1_3.pdf


Comment les groupes français profitent (quand même) des gaz de schiste : Au-delà des spécialistes de la prospection et de l'exploitation, les gaz de schiste dopent les résultats de certains industriels tricolores, qui tirent parti de la baisse du coût de l'énergie aux Etats-Unis.

Ses verres en Luminarc et ses plats en Pyrex ont contenu des milliers de litres d'eau et gratiné autant de tonnes de purée dans les cantines des années 1970. On sait moins qu'Arc International, le groupe verrier né en 1825 à Arques, dans le Pas-de-Calais, est monté en gamme et, par ailleurs, fournit la moitié des hublots de machine à laver le linge vendus dans le monde ou fabrique pour Coca-Cola des bouteilles de verre coloré. Car aujourd'hui le nordiste passe les plats dans le monde entier et vient même d'accélérer la cadence aux Etats-Unis. S'il a investi 40 millions de dollars (deux fois son bénéfice net de l'an dernier) pour rénover et rallumer en juin le troisième four de son usine de Milville, dans le New Jersey, c'est pour mieux profiter d'une relance de la demande pour ses produits. Il a été d'autant plus incité à le faire que comme tout verrier, il regarde de près sa facture d'électricité. Alors que l'énergie représente 15 à 20 % de ses coûts, la chute de 40 % de ceux-ci grâce à l'exploitation aux Etats-Unis des gaz de schiste a tout de l'effet vertueux. Allégeant la note d'électricité payée par les particuliers (175 dollars par an en moyenne pour un ménage et 1.100 pour un utilisateur commercial), cette division par presque 4 du prix du gaz par rapport au prix européen a, non seulement, dopé les marges des entreprises en réduisant leurs coûts, mais aussi donné un coup de fouet à la consommation.

Un élément fort de compétitivité

Arc International fait ainsi partie des entreprises françaises qui, faute d'en disposer à domicile, grappillent outre-Atlantique quelques miettes d'un gâteau dans lequel l'économie américaine est en train de mordre à belles dents. On connaît les chiffres : le développement des gaz de schiste aurait déjà permis la création de 600.000 emplois directs ou induits en 2010. Cet avantage comparatif, joint à celui que le pays détient sur le coût du travail (pendant que la Chine voit s'éroder le sien), devrait selon le Boston Consulting Group accélérer la hausse d'exportations déjà en pleine forme et concourir à plus de 5 millions d'emplois nouveaux d'ici à la fin de la décennie.

« Il est clair qu'il s'agit d'un élément fort de compétitivité des industries et de nos produits fabriqués localement », souligne José-Maria Aulotte, DRH et directeur du développement durable d'Arc International, qui se réjouit d'avoir, par ailleurs, construit aux Etats-Unis « l'usine la plus propre du monde dans son métier ». Lafarge le cimentier est repassé au gaz dans certaines de ses cimenteries canadiennes. « C'est toute l'industrie qui va être attirée par une énergie pas chère », prévoit Bruno Laffont, son président.

Thierry le Hénaff, le patron d'Arkema, qui réalise aux Etats-Unis le tiers de son chiffre d'affaires, n'a aucun doute : « Ce qui est bon pour l'économie américaine est bon pour Arkema. » Sachant que, pour le chimiste, l'énergie représente environ le dixième de ses coûts hors salaires, la baisse de ses prix ne peut qu'améliorer sa compétitivité. « On a toujours compté dessus », dit-il, et il a bien fait. L'acquisition en 2009 des activités acryliques de l'américain Dow destinées aux revêtements et peintures se révèle très rentable. Et pour Thierry Le Henaff, c'est du solide : « Les deux vecteurs importants pour nous sont là, une énergie pas chère et des créations d'emplois qui tirent la consommation. » « Le rebond de l'industrie américaine vient largement de ce nouvel écosystème créé par le développement des gaz de schiste », renchérit Emmanuel Babeau, le directeur financier de Schneider Electric, qui réalise le quart de son activité sur le sol américain. Total n'est pas qu'un candidat à l'exploitation du gaz miraculeux. Dans ses usines pétrochimiques, les achats d'énergie constituent le quart de ses coûts, et ses installations américaines représentent 25 % de son activité totale dans le secteur. La chute de son prix lui apporte donc une économie substantielle. Un beau lot de consolation, certes, mais, pas tout à fait de quoi compenser la frustration du blocage français...

Côté entreprises tricolores, il y a donc celles auxquelles leur implantation américaine permet de muscler leur compétitivité. Il y a celles aussi qui se souviennent que les premiers à avoir fait fortune à l'époque de la ruée vers l'or étaient les fournisseurs de pelles et de pioches (« Les Echos » du 15 novembre 2012). Total, utilisateur, est, bien sûr, également du côté du manche. En s'offrant le quart des gisements détenus par l'américain Chesapeake, un des pionniers du gaz de schiste, il s'est rapproché de la source de ce « nouveau Moyen-Orient », selon l'expression de Citigroup. Le pétrolier français, qui s'était doté de capacités de regazéification quand il s'agissait d'importer du gaz liquide aux Etats-Unis, s'apprête à faire le mouvement inverse avec un terminal de liquéfaction pour exporter le gaz d'une Amérique devenue quasi autosuffisante dans un temps incroyablement court...

Menace sur la chimie

Ce sont ses tuyaux flexibles se faufilant dans les roches emprisonnant les fameux gaz qui permettent à Vallourec de participer à cette ruée-là. Sa nouvelle usine de Youngstown (Ohio) est située sur une des plus grosses réserves potentielles d'Amérique. Il y a investi 650 millions de dollars et Philippe Crouzet, le président de son directoire à qui les gaz de schiste apportent déjà 80 % de son chiffre d'affaires américain, y voit un des gisements de cash-flow les plus importants des prochaines années.

CGGVeritas vend aux pétroliers les images du sous-sol leur permettant de localiser les réserves. Les bibliothèques de données constituées pour le gaz de schiste lui ont apporté en 2011 près de 130 millions de dollars de ventes. Reste que cette carte compétitive, mieux vaudrait pouvoir la jouer aussi à domicile et se trouver à armes égales avec l'industrie américaine. A propos de la production croissante de gaz de schiste aux Etats-Unis, l'économiste Patrick Artus écrit : « Les Européens auraient tort de ne pas prendre au sérieux la menace induite sur de nombreuses industries, la chimie en particulier, mais aussi en conséquence sur beaucoup d'autres secteurs industriels. » Les industriels européens ont donc raison de se demander quelle serait leur capacité de riposte à un déferlement de produits chimiques aux prix cassés. Les chimistes américains lancés à plein régime, ont déjà augmenté leurs exportations de 28 % entre 2009 et 2010 et ont investi plus de 35 milliards de dollars en 2012, un chiffre qui devrait s'élever à plus de 50 milliards en 2017.

Jean-Pierre Clamadieu, le patron de Solvay, a fait ses comptes. L'an dernier, pour alimenter ses installations européennes, il a acheté pour 500 millions d'euros de gaz, 300 millions de plus que le prix américain, un écart de compétitivité jugé « démentiel ». La France qui laisse inexplorées ses réserves en sous-sol, se trouverait ainsi dans la situation ubuesque de voir ce qui reste de son industrie submergée par des produits dopés par une énergie dont elle s'interdirait l'accès pour elle-même. « On ne peut pas à la fois dire que cette technologie est inacceptable et accepter la concurrence des produits qui ont été fabriqués avec elle », résume un industriel. Dans ce cas, au dossier Petroplus pourraient venir s'en ajouter beaucoup d'autres.

Les chiffres clefs

726 milliards de barils équivalent pétrole. L'estimation des réserves mondiales de gaz de schiste par l'Agence internationale de l'énergie (1.210 milliards pour les réserves de gaz conventionnels).
441 milliards de barils équivalent pétrole. L'Amérique du Nord concentre la majorité des réserves de gaz de schiste, devant l'Afrique (116 milliards) et l'Asie (93 milliards). Elles sont de 23 milliards en Europe.
21,5%. La part des gaz de schiste dans la production totale de gaz naturel en 2030 (13 % en 2012)
126 milliards. En payant son gaz 7 dollars de moins par million de BTU (« british thermal unit », l'unité de référence), l'industrie américaine réduit, selon
Natixis, ses coûts de production de 126 milliards de dollars. Ceux-ci seraient ainsi réduits par rapport à l'Europe de l'équivalent de 14 % de la masse salariale et de 7 % de la valeur ajoutée.

Écrit par Sabine DELANGLADE, Editorialiste, sdelanglade@lesechos.fr, le 19 décembre 2012

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0202460857752-comment-les-groupes-francais-profitent-quand-meme-des-gaz-de-schiste-522383.php


 

Fiscalité écologique : le comité permanent est installé

 

Le comité pour la fiscalité écologique, réunissant les parties prenantes sur le modèle Grenelle+1, a été installé ce mardi. Il formulera des avis sur les propositions de mesures fiscales du gouvernement et pourra être source de proposition. Comme le prévoyait la feuille de route pour la transition écologique, publiée à l'issue de la Conférence environnementale, un Comité permanent pour la fiscalité écologique a été installé, le 18 décembre. Présidé par l'économiste Christian de Perthuis, ce comité est composé des parties prenantes, selon le modèle Grenelle+1. Il a pour mission de formuler des avis sur les mesures fiscales écologiques envisagées par le gouvernement et de faire des propositions. Si la lettre de mission, signée par les ministres de l'Ecologie et de l'Economie, demande au Comité de "formuler un premier train de propositions opérationnelles au printemps 2013, en vue de leur inscription au projet de loi de finances 2014", ce groupe de concertation est installé dans le temps. Avant chaque Conférence environnementale, dont le rythme est annuel, il dressera un bilan de ses travaux. "Nous avons voulu un cadre de travail durable pour mettre fin à une anomalie française : nous sommes avant derniers en Europe sur la fiscalité écologique", a déclaré Delphine Batho, lors d'un point presse organisé à l'issue de l'installation du comité. "Le travail de ce comité est assez audacieux. Le gouvernement nous demande de donner des avis rapidement opérationnels et d'être également créatifs. Nous allons commencer par une consultation sur des projets déjà dans les tuyaux", indique Christian de Perthuis.

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Les travaux du Comité La lettre de mission indique que les "travaux du comité porteront prioritairement sur les cinq thématiques identifiées dans la feuille de route pour la transition écologique que sont la lutte contre le changement climatique, l'amélioration de la qualité de l'air, l'eau, les déchets et la préservation de la biodiversité". Pour l'heure, trois groupes de travail thématiques ont été créés, dont le périmètre pourra évoluer si nécessaire : économie des ressources (énergie et écosystèmes), énergie climat, pollutions et déchets. Pour Christian de Perthuis, la thématique climat énergie représente celle dont l'assiette fiscale est la plus susceptible de rapporter 3 milliards d'euros d'ici 2016. En revanche, concernant la biodiversité, à court terme, les mesures devraient être peu efficaces économiquement et écologiquement. Enfin, concernant les pollutions (eau, déchets, urbanisme…), une grande partie de la fiscalité locale a des incidences sur l'écologie et peut être corrigée, estime l'économiste.
Les avis seront adoptés au cours de séances plénières (quatre par an) et rendus publics, assortis des réserves exprimées par certains membres. A plus long terme, le gouvernement souhaite que 3 milliards d'euros (minimum) de fiscalité écologique soient dégagés à l'horizon 2016, en complément des mesures identifiées dans le cadre de la Conférence environnementale. Le comité pourra également "conduire des réflexions spécifiques sur la mobilisation de la fiscalité écologique dans le cadre d'une réforme globale de nos prélèvements obligatoires".

Une mission "pleine de pièges"

"Nous sommes tous convaincus que si nous voulons changer sérieusement notre fiscalité, il faut travailler sur le long terme. Nos travaux dépassent l'échéance des lois de finances et même une mandature. Nous travaillons sur un paquet de temps de dix, vingt ans", explique Christian de Perthuis. Les exemples étrangers montrent en effet que "ce qui fonctionne se fait dans la durée et a été précédé de beaucoup de dialogue social et de formes de consensus".

Le Président du comité considère comme "un exploit" sa bonne installation et se dit "impressionné par le consensus du comité sur les objectifs finaux" malgré les intérêts divergents des différentes parties prenantes.

"Je suis conscient que la mission qui m'a été confiée est pleine de pièges, c'est un chemin de crête assez étroit", confie l'économiste. Et de citer les échecs des gouvernements successifs en matière de fiscalité écologique (Jospin avec la TGAP, Fillon avec la contribution climat-énergie).

Mais pas de défaitisme malgré l'ampleur de la tâche, ni de sujet tabou. La fin de l'avantage fiscal au diesel ? "On va le faire. La question, c'est comment on va faire et à quel rythme !". La taxe carbone ? "Il n'y a pas de raison ! Ce truc est déjà en place dans cinq pays, on devrait réussir à le faire un jour en France !". Le Président du comité a souhaité s'entourer d'un groupe d'experts permanent en biodiversité (l'anthropologue et économiste Jacques Weber et l'économiste de l'Inra Michel Trommetter), en économie de l'environnement (Katheline Schubert) et en droit (Philippe Billet).

La recette d'une réforme fiscale qui marche

La lettre de mission demande au Comité de "privilégier les mesures adressant un signal-prix clair, lisible et progressif sur le long terme et compréhensible par tous". Comme le précisaient les conclusions de la Conférence environnementale, la compétitivité des entreprises et le pouvoir d'achat des ménages devront être préservés et, si nécessaire, des mécanismes de redistribution devront être envisagés pour les comportements vertueux. Ils seront préférés aux dérogations ou exonérations. "J'étais rapporteur sur la contribution climat énergie et j'avais précisé qu'elle devait être installée sur une assiette la plus large possible, avec des incitations qui touchent le plus grand monde et lorsque certaines fragilités sont détectées, une autre solution que l'exonération doit être trouvée", souligne Christian de Perthuis.

Le Comité analysera l'impact de chaque mesure fiscale à travers trois filtres : efficacité écologique, efficacité économique et justice sociale. Il devrait avoir en main prochainement une étude sur les vulnérabilités sociales en matière d'énergie, réalisée par le CGEDD.

"La notion même de fiscalité écologique n'est pas bien comprise de nos concitoyens. Elle n'a pas un objectif de rendement fiscal mais son but est de faire évoluer les comportements nuisibles. (…) Pour être efficace, elle doit se substituer à une autre mesure fiscale mauvaise pour l'économie", comme la fiscalité du travail, du capital...

Sophie Fabrégat © Tous droits réservés Actu-Environnement Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [17351] / utilisation du flux d'actualité

Les travaux du Comité La lettre de mission indique que les "travaux du comité porteront prioritairement sur les cinq thématiques identifiées dans la feuille de route pour la transition écologique que sont la lutte contre le changement climatique, l'amélioration de la qualité de l'air, l'eau, les déchets et la préservation de la biodiversité".our l'heure, trois groupes de travail thématiques ont été créés, dont le périmètre pourra évoluer si nécessaire : économie des ressources (énergie et écosystèmes), énergie climat, pollutions et déchets. Pour Christian de Perthuis, la thématique climat énergie représente celle dont l'assiette fiscale est la plus susceptible de rapporter 3 milliards d'euros d'ici 2016. En revanche, concernant la biodiversité, à court terme, les mesures devraient être peu efficaces économiquement et écologiquement. Enfin, concernant les pollutions (eau, déchets, urbanisme…), une grande partie de la fiscalité locale a des incidences sur l'écologie et peut être corrigée, estime l'économiste. Les avis seront adoptés au cours de séances plénières (quatre par an) et rendus publics, assortis des réserves exprimées par certains membres.


 

NOMINATIONS

Sur proposition de Delphine BATHO, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, le Conseil des Ministres a nommé ce matin Laurent MICHEL en tant que Directeur général de l’Énergie et du Climat (DGEC). Il a également retenu Patricia BLANC pour lui succéder en tant que Directrice générale de la Prévention des Risques (DGPR).

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Fabrice Verdier président du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur les gaz de schiste : Fabrice Verdier, député socialiste de la 4ème circonscription du Gard, a été nommé président du groupe de l'Assemblée Nationale chargé d'étudier la question des hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste) en se basant sur les avis des parties prenantes, et de l'évolution possible de la législation alors que le député est opposé à la technique de la fracturation hydraulique. Les travaux du groupe doivent alimenter ceux de la commission du Développement durable et de la commission des Affaires économiques dont M. Verdier est membre.

Rachida Boughriet © Tous droits réservés Actu-Environnement Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [17350] / utilisation du flux d'actualité.


Brèves

Argentine/pétrole: acccord Chevron-YPF pour exploiter un gisement


BUENOS AIRES - La compagnie américaine Chevron et YPF ont signé mercredi un accord pour l'exploitation de l'important gisement argentin de pétrole non conventionnel de Vaca Muerta, dans le sud-ouest du pays, a annoncé la compagnie argentine, ex-filiale de l'Espagnol Repsol. Cet accord fixe les termes et conditions pour mettre en oeuvre le projet pilote de développement massif (de l'exploitation) de pétrole non conventionnel dans une zone de 290 km2 sur le gisement de Vaca Muerta, a annoncé YPF dans un communiqué. YPF avait déjà signé en septembre avec Chevron un accord de principe pour l'exploitation de Vaca Muerta. Le gouvernement argentin a exproprié début mai à hauteur de 51% Repsol de sa filiale YPF, et depuis le groupe espagnol a entamé une procédure pour obtenir une compensation financière. Début décembre, Repsol a également assigné Chevron devant la justice américaine pour avoir signé un accord avec des représentants illégitimes de son ex-filiale pour l'exploitation de Vaca Muerta. Presque aussi étendue que Taiwan, Vaca Muerta a une superficie de 30.000 km2, dont 12.000 km2 sont détenus par YPF. La partie la plus grande se trouve dans Neuquen et l'autre dans Mendoza, deux provinces frontalières du Chili. Grâce à ce gisement, l'Argentine occupe la troisième place mondiale pour les ressources non conventionnelles, derrière les Etats-Unis et la Chine, selon une étude de département américain de l'Energie. (©AFP / 19 décembre 2012 20h58)


Statoil devient opérateur dans la zone de Marcellus Shale pour un investissement de 590 M$


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