Mercredi 7 mars 2012, l'Assemblée suspend ses travaux parlementaires dans la perspective de l'ouverture des périodes de campagne électorale. Les deux tours de l'élection présidentielle auront lieu les 22 avril et 6 mai 2012. Les élections législatives seront organisées les 10 et 17 juin 2012. Sur proposition du Président de l'Assemblée nationale, le Bureau a fixé le calendrier d'ouverture de la XIVe législature qui débutera le mardi 26 juin 2012 à 15h.
Gaz de schiste : fronde des maires dans le Var
ParCyrille VanlerbergheMis à jour le 05/03/2012 à 14:04 | publié le 05/03/2012 à 10:35
Des militants écologistes manifestent contre l'exploitation du gaz de schiste à Marseille en 2011.Crédits photo : BORIS HORVAT/AFP
Des maires du Var sont prêts à boycotter l'organisation du scrutin présidentiel dans leur commune pour protester contre la prospection de gaz de schiste dans leur département [Voir mon analyse en fin d’article].
Les élus du Var sont en pointe dans la lutte contre l'exploitation des gaz de schiste, et certains ont même brandit la menace d'un boycott de l'organisation des prochaines élections présidentielles pour faire pression sur le gouvernement. Pierre Jugy, maire sans étiquette du petit village de Tourtour dans le Haut Var a affirmé lundi matin sur Europe 1 que plusieurs maires de son secteur étaient prêts à le suivre dans cette action hautement symbolique.
Zone dite «de Brignoles» du permis d'exploration demandé par Schuepbach Energy.
L'objet de la fronde des élus et des associations écologistes varois est un permis de recherche de gaz de schiste déposé en 2008 par Schuepbach Energy LLC, une société de forage américaine enregistrée à Dallas, au Texas. Cette demande d'exploration, qui précède une éventuelle exploitation, couvre une zone de 6785 km2 autour de la commune de Brignoles, recouvrant les trois quarts du Var et une partie des Alpes Maritimes. Le gouvernement a suspendu l'année dernière tous les travaux de prospection de gaz de schiste, mais les opposants varois demandent en plus que le permis dit «de Brignoles» soit définitivement rejeté.«Si nous n'avons pas la réponse des candidats à la présidentielle sur ce qu'ils ont l'intention de faire sur notre territoire, on rendra la clé des mairies», a annoncé Pierre Jugy sur Europe 1. «Les préfets géreront les élections mais nous nous arrêterons notre participation parce que nous n'aurons pas la possibilité de regarder dans les yeux nos enfants et nos petits-enfants quand ils nous diront: ‘on a dû se déplacer de nos villages parce qu'il n'y avait plus d'eau, parce que vous l'avez polluée'» a affirmé l'élu, qui a fait de la lutte contre les gaz de schistes l'un de ses programmes clé pour sa candidature aux législatives dans la 8e circonscription du Var.L'opposition au gaz de schiste affirme que la fracturation hydraulique, technique qui nécessite l'injection en profondeur de grande quantité d'eau pour récupérer le gaz pris dans la roche, met en danger l'environnement et les nappes phréatiques. La mobilisation est très forte dans le Var, où depuis la fin 2011, 55 communes ont pris des arrêtés municipaux [1] pour entraver la prospection du gaz de schiste. La mobilisation monte également contre un permis d'exploration d'hydrocarbures en mer, au large de Marseille et de Toulon. «Boycotter un scrutin démocratique quand on est maire, et donc élu par la démocratique, c'est indéfendable», à déclaré au Figaro Hubert Falco, sénateur maire de Toulon. Je suis aussi opposé à l'exploitation du gaz de schiste dans le Var, mais il y a d'autres moyens de lutter contre ces projets.»
[Comme l’a déclaré Hubert Falco : « Boycotter un scrutin démocratique quand on est maire, et donc élu par la démocratique, c'est indéfendable »Les conditions générales du déroulement des opérations électorales sont définies l’article LO1112-8 et suivants du Code des Collectivités Territoriales, ainsi que par le Code Electoral.Elles sont – de surcroît – définies par décret du Conseil d’Etat pour l’organisation d’un scrutin spécifique. Un élu de la République ne peut donc y déroger.]
[1] Mairies ayant pris des arrêtés : Aiguines, Ampus, Les Arcs sur Argens, Artignosc sur Verdon, Artigues, Aups, Bagnols en Foret, Bargemon, Barjols, Baudinard sur Verdon, Bauduen, Belgentier, Besse sur Issole, Le Bourguet, Bras, Brignoles, Brue-Auriac, Cabasse, La Cadière d'azur, Callas, Callian, Camps la Source, Le Cannet des Maures, Carcès, Carqueiranne, Cavalaire sur mer, Chateaudouble, Chateauvieux, Claviers, Collobrières, Comps sur Artuby, Correns, Cotignac, La Crau, Draguignan, Esparron, Evenos, Fayence, Figanieres, Flassans sur Issole, Flayosc, Garéoult, Gassin, Ginasservis, Le Luc, La Martre, Mazaugues, Moissac Bellevue, Mons, Montauroux, Montmeyan, La Motte, Le Muy, Nans les Pins, Neoules, Ollières, Plan d'Aups, Ponteves, Pourcieux, Pourrières, Le Rayol Canadel, Regusse, Riboux, La Roque Esclapon, Roquebrune sur Argens, La Roquebrussanne, Rougiers, Saint Anastasie sur Issole, Saint Julien le Montagnier, Saint Martin de Pallieres, Sainte Maxime, Saint Paul en Forêt, Saint-Zacharie, Salernes, Les Salles sur Verdon, Seillans, Seillons-Source d'Argens, Sillans la Cascade, Sollies Pont, Sollies Toucas, Sollies Ville, Tanneron, Tavernes, Le Thoronet, Tourettes, Tourtour, Tourves, Trigance, Le Val, Varages, La Verdiere, Vidauban, Villecroze, Vins sur Caramy, Conseil Regional PACA
La lutte contre le gaz de schiste et les forages en mer s'organise à Fréjus
Publié le mardi 06 mars 2012 à 07h12
Le collectif dénonce le projet d'installation d'une plateforme de forage offshore à quelques dizaines de kilomètres des côtes d'Agay, Saint-Raphaël/Fréjus ou encore Saint-Aygulf.
Une antenne locale du collectif anti-gaz de schiste et forages en mer vient de voir le jour dans l’agglo. Une réunion publique d’information est proposée vendredi à 18 h 30 à Fréjus
La résistance varoise, tout le monde la connaît déjà. « Collectif non au gaz de schiste 83 » regroupe des dizaines de groupes locaux pour dire non au projet de permis à Brignoles. Et s'opposer, aussi, grâce à la création d'une nouvelle antenne au cœur de l'agglo, au programme baptisé « Rhône-Maritime », lequel concerne cette fois la grande bleue.
Depuis le mois dernier, c'est donc une toute jeune équipe qui a décidé d'apporter sa pierre au combat et de mettre en place son organisation locale.« Il fallait combler un vide au niveau du sud-est varois »précise Max, du groupe raphaëlo-fréjusien. « L'implication n'y était pas suffisante à notre goût, ce qui peut se comprendre ! Aux yeux de la population fréjuso-raphaëloise, le bassin n'est pas concerné par nos actions. » Le permis de Brignoles évitant, en effet, l'ensemble de la côte, Saint-Raphaël et Fréjus n'entrent pas dans le périmètre concerné. « En revanche, elles subiront les effets négatifs de l'éventuelle exploitation du gaz de schiste. Au niveau touristique surtout. » Quant au second cheval de bataille du collectif local, il galope en pleine mer et est né de « l'idée saugrenue » de forer en Méditerranée.
« Si une catastrophe arrivait ? »
« La déclaration de travaux, déposée par une société britannique, est en instance de renouvellement et le délai limite est le 11 avril prochain. Or, même s'il est question que les puits d'extraction de pétrole soient installés au large de Toulon, Hyères et du parc national de Port-Cros, nos plages sont dans le viseur. Si un forage dérapait ? Qu'une catastrophe arrivait ? Nous aurions pour des années une mer d'huile ! » Avec pour but de donner davantage d'informations sur le sujet, une réunion publique gratuite est proposée ce vendredi à 18 h 30, salle Agricola à Fréjus. Des responsables départementaux seront présents pour répondre aux questions. « Aucun combat n'est perdu d'avance » persiste Max. « Que nous avons du poids, trois permis ayant déjà été refusés. »
Les hydrocarbures sales vont t-ils envahir l'Europe ?
Le 23 février 2012, aucune majorité qualifiée ne s'est dégagée parmi les représentants des 27 États de l'Union Européenne appelés à se prononcer sur les modalités de mise en œuvre de la directive sur la qualité des carburants. (*) Adoptée en 2008, cette directive pourrait empêcher les carburants les plus polluants, tels que ceux issus des sables bitumineux (1) et des huiles de schistes, d'entrer en Europe. Sous la pression du Canada et des lobbies pétroliers, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni se sont abstenus, tandis que l'Italie ou l'Espagne ont voté contre le projet. La décision finale est renvoyé au Conseil de l'environnement qui se réunira en juin prochain.Le Canada s'est « réjoui » du résultat, tout en réitérant ses menaces de traîner l'Union européenne devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) si elle venait à « discriminer » le pétrole issu des sables bitumineux, produit en Alberta. Engagés dans les négociations d'un Accord économique commercial global (AECG), le Canada et l'Union Européenne multiplient les intimidations et interpellations croisées pour obtenir un accord de libre-échange qui soit le plus favorable possible pour leurs secteurs économiques et financiers respectifs (2).Dans le cadre de cette négociation, le Canada a plusieurs fois laissés entendre qu'il n'ouvrirait ses marchés intérieurs qu'à condition que le pétrole issu des sables bitumineux puisse être exporté en Europe. En retour, cet accord permettrait d'intensifier les investissements directs des entreprises pétrolières européennes, comme Total, Shell, BP, Statoil, dans l'exploitation des sables bitumineux. Pour faire du Canada un «nouveau géant de l'or noir», le gouvernement canadien cherche à faciliter l'exportation de ce pétrole, coûte que coûte, aux États-Unis et en Europe, ses deux principaux marchés. Allié aux lobbies pétroliers, la diplomatie canadienne s'active donc depuis des mois, en multipliant les rencontres et évènements auprès des institutions européennes, pour empêcher toute restriction, limitation, encadrement de l'importation ce pétrole de la part de l'Union Européenne."Le gouvernement canadien est manifestement arrivé à ses fins, bien aidé par le peu d'entrain des pays Européens à prendre des mesures réellement contraignantes en matière environnementale" a estimé l'organisation Attac France. Ce dernier exige "des gouvernements des pays Européens qu'ils empêchent toute importation de ce pétrole sale en Europe". Ainsi, ils feraient d'une pierre deux coups : "étrangler de l'extérieur l'industrie des sables bitumineux, l'une des plus dévastatrices qui existe ; stopper les négociations de ce nouvel Accord économique commercial global entre l'UE et le Canada qui va à l'encontre des intérêts des populations." L'ensemble de ces questions seront abordées lors du Forum Alternatif Mondiale de l'Eau (14 – 17 mars) qui se tiendra à Marseille (www.fame2012.org) 1-Le pétrole issu des sables bitumineux est le plus polluant de la planète. Les émissions liées à son extraction sont estimées à 107 grammes d'équivalent CO2 par mégajoule contre 87,5 g pour le pétrole brut. Son exploitation, en plus de nécessiter la coupe de la forêt boréale sur des centaines de kilomètres carrés, requiert d'immenses quantités d'eau et d'énergie. L'écosystème dont vivait les populations locales est complètement dévasté et pollué et ces dernières développent d'alarmants taux de cancer. 2-Par exemple, les tarifs douaniers du Canada étant déjà faibles, l'Union Européenne cible principalement les « barrières non tarifaires » pour faciliter l'accès de ses multinationales à des secteurs réglementés comme la santé, l'éducation et puissent candidater sur les marchés publics fédéraux ou provinciaux.
(*) Alors, alors, si le pétrole issu des sables bitumineux n’a pas obtenu la majorité des 27 Etats de l’UE sur son niveau de pollution, semble avoir de beaux jours devant lui, le gaz de schiste devrait suivre la même voie, tout en posant elle aussi de nombreux problèmes environnementaux. “L’exploitation des gaz non conventionnels en Europe vient de recevoir un gros coup de pouce”, a ainsi écrit El País au lendemain de la publication d’un rapport de la Commission européenne établissant qu’il “n’est pas nécessaire de réglementer davantage cette méthode d’extraction des hydrocarbures, qui consiste à fracturer la roche du sous-sol avec de l’eau, du sable et des produits chimiques”. Une technique qui, dénoncent ses adversaires, pollue les nappes phréatiques. Les Etats sont donc libres d’entamer des prospections et “les ONG se préparent à une vague de prospection à la recherche de gaz non conventionnels” en Europe. Si la France et la Bulgarie ont interdit la prospection, la Pologne, qui abriterait les réserves les plus importantes, a quant à elle entamé des forages depuis plusieurs mois. »